Cinélégende

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le rêve d'une ville

Le bonheur au sein du bidonville
14-17 février 2011

lundi 14 février, de 20h à 22h : Atelier d'écriture : S'écrire dans les pas d'une ville.
A partir de carnets de notes remplis au cours de déplacements dans une ville,  de plans, de croquis, de collectes d'empreintes, nous écrirons notre façon d'habiter la ville. Au ras du sol ou au 10 ème étage ? Boulevard rectiligne ou ruelle tortueuse ? Foule ou désert ? Béton ou jardin ? A pied ou en voiture ?
Des scénarios, des dénonciations, des utopies, des limites, des rêves à coller aux romans, aux BD, aux albums Pop-Up... Découvrir la diversité, le lâcher-prise et l'invention de son écriture en groupe.

avec Clodine Bonnet
(Porte-Plume)
Cinélégende, 51 rue Desjardins, Angers
Participation :15 € et 12 € (inscription : 06 24 78 19 07)

mardi 15 février, 20h15 : Film
Miracle à Milan (Italie, 96 min) de Vittorio de Sica, avec présentation et débat en présence de Vincent Cazals, paysagiste, chargé d'études au CAUE (Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement) de Maine-et-Loire.

Cinéma 400 coups, 12, rue Claveau, Angers, tél. : 02 41 88 70 95

Tarifs habituels aux 400 Coups : 7,30 €, réduit 5,90 €, carnets 5 € ou 4,40 €

jeudi 17 février, 18h30 : Conférence
Représentations de la ville idéale, par Lorine Bost et Philippe Parrain

Institut Municipal, place Saint-Eloi

Gratuit

télécharger le livret au format PDF

 

voir le clip sur Youtube

Commentaires

Textes de Philippe Parrain

Sous la ville, le mythe…

La ville n'est pas seulement le lieu que l'on habite. C'est également une mine de rêves et de fantasmes. Lieu de convivialité, elle peut être monstrueuse ; refuge paradisiaque, elle peut devenir enfer ; ses palais enchantés, son plan parfait, ses radieuses perspectives, sa société vouée au bonheur, ses utopiques promesses cachent souvent une terrible malédiction.

A travers les âges, les hommes ont rêvé la ville plus belle, fût-elle un bidonville. Ils ont imaginé des cités merveilleuses. Et toujours ils ont appréhendé de les voir englouties, ruinées, abandonnées…

miracle à milaN

Vittorio de Sica (1902-1974) est une des grandes figures du cinéma italien, emblème du néoréalisme de l’après-guerre. Acteur, il impose en 1932 un personnage de jeune homme brillant et désinvolte dans le film Les Hommes, quels mufles ! de Mario Camerini.
C’est au début des années 1940 qu’il passe à la réalisation, d’abord avec des films sans grand intérêt, puis, entre 1946 et 1952, avec quatre films majeurs : Sciuscia, Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan et Umberto D. De la suite de sa carrière, plus inégale, on retiendra notamment sa composition d'ambassadeur fou d'amour dans Madame de... de Max Ophüls et Le Jardin des Finzi Contini, un de ses derniers films.
Miracle à Milan obtient le Grand Prix au Festival de Cannes en 1951. Le réalisme – parfois qualifié de "misérabilisme" - de ses films antérieurs s‘y voit sublimé, pétri de tendresse, de poésie, de merveilleux et d’humour. Dans une véritable cour des miracles faite de baraques brinquebalantes, les déshérités réinventent une société à l’image de celle dont ils ont été exclus, et tout (ou presque) y devient possible.
Il s’agit là d’un film rare, une perle dans le cinéma italien, qui respire le bonheur tout en témoignant que celui-ci n’est décidément pas de ce monde.

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Thèmes mytho-légendaires

C’est une fable, et ma seule intention est de tenter un conte de fées du XXème siècle.
Vittorio de Sica

L'enfance de Toto
C’era una volta, « il était une fois »… Les enfants alors naissaient vraiment dans les choux, on habitait de petites maisons douillettes à la campagne, au coin du jardin potager, et l’on s’éveillait à la vie auprès d’une bonne marraine qui enseignait le bonheur. Mais il faut un jour quitter le monde enchanté de l’enfance et pénétrer, comme dans la forêt profonde des contes, dans une ville de béton, impersonnelle et sinistre.

Le héros désormais, foncièrement bon, découvre le monde et sa misère, et tente d’y insuffler cet amour contagieux, indéracinable, dont il est porteur : une quête, entre rêve et réalité, d’une harmonie que le monde lui refuse. D’épreuves en tribulations, le cheminement du film nous entraîne du paradis terrestre au paradis céleste, un parcours que Cinélégende a déjà exploré : la quête d’un lieu de vie idéal, ou du moins supportable, sur cette terre (comme le dit la chanson du film : Une cabane nous suffit Pour vivre et pour dormir, Un peu de terre suffit Pour vivre et pour mourir…), au sein de cette ville dans laquelle le héros se trouve tout d’abord projeté, comme l’était le couple dans L’Aurore de Murnau.

La voracité des promoteurs
On se retrouve, comme chez Capra, dans l’univers des contes : tout le monde y est bon et gentil, sauf les méchants bien entendu qui, parfaitement ogresques, bercent de belles paroles les pauvres afin de mieux les manger. La marraine-fée vole – à trois reprises, comme dans les contes – au secours de son protégé, lequel, aussi généreux que naïf, opère des miracles, ou plutôt accomplit des exploits qui répondent, du tac au tac, aux provocations du mal.

Comme dans les contes encore, les vœux sont exaucés, même les plus fous, mais on en demande de plus en plus, jusqu’à rompre le charme et à tout perdre. Vouloir la lune, oui, pourquoi pas ? Le personnage du Pierrot lunaire obtient (comme dans le mythe de Galatée ou dans Les Enfants du paradis) que la statue vénérée s’anime. Mais demander le soleil ? C’est certainement aller trop loin, et c’est justement à la faveur du lever espéré de l’astre que l’assaut est donné et la « ville » prise. Dans cette histoire où la misère fait place, l’espace d’un printemps, à la fête, et les haillons aux manteaux de fourrure, Cendrillon n’est pas bien loin, surtout lorsque Toto ajuste la chaussure, unique, au pied de la bien-aimée…

La porte sur les rêves
Pour servir de cadre au conte, le film reconstitue un décor en faux-semblant, derrière une porte qui n’ouvre sur rien : une société en miniature, comme un jeu d’enfants où les personnages, transposés, de la vie réelle s’animent, à la façon de ceux d’Une nuit au musée, de Toy Story ou, à l’heure informatique, de Tron. Un monde magnifié. Même le pétrole y est propre et purifiant au même titre que l’eau… Mais où est la réalité vraie ? Où sont les hommes et où les pantins, où les spectateurs et où le spectacle ? Les passagers du train regardent par la vitre le bidonville de studio, les habitants de celui-ci contemplent le soleil qui se couche, tandis que les forces de l’ordre se mettent à chanter l’opéra comme sur une scène…

Nous sommes bien au royaume de l’utopie. Et le rêve utopique implique inévitablement l’établissement de la cité idéale.

Comme les villes utopiques ou mythiques (la Cité du Soleil de Campanella ou celle de Le Corbusier, Rome ou la Jérusalem céleste), le bidonville de Miracle à Milan s’édifie sur un plan régulier, quadrillé ; ses rues sont soigneusement numérotées, et le chiffre y est fondateur - en particulier bien entendu les puissances carrées (7x7, 3x3…) - à moins qu’il ne soit néfaste, présageant la mort, la spéculation, le saccage. Il s’agit de l’appropriation d’une terre, d’un espace horizontal et nécessairement centré : toute la vie s’organise autour de la statue de la « déesse » qui porte les aspirations de tous et qui confère au lieu cette sacralité essentielle à tout établissement urbain.

Entre terre et ciel
Car dans le film, l’édification de la cité, qui se révèlera en fait illusoire, se conjugue perpétuellement avec la dimension verticale, ce qui en fait un lieu spirituel : ce sont par exemple l’érection du mât (ou du « mai » traditionnel qui célèbre l’avènement du printemps, en même temps que la jeune fille aimée est honorée par le dépôt à sa fenêtre d’une branche fleurie), le jaillissement du pétrole, le décollage de l’homme aux ballons, l’exaltation des amoureux et bien entendu l’envol final. Le poids d’une réalité qui pourrait être sordide n’exclut pas l’élévation, la spiritualité, et le film établit des liens évidents entre ciel et terre : un rayon de soleil perce pour réchauffer un petit coin de sol, on rêve d’avoir la lune, voire le soleil, les fées et les anges viennent poser le pied sur terre (au point de se soumettre au code de la route…) et l’on s’évade dans les airs. Le point de contact entre ciel et terre, l’axis mundi, est matérialisé par ce mât au haut duquel Toto monte, tel un chaman, pour agiter le drapeau blanc, et vers lequel descend la fée tutélaire qui lui apporte la colombe magique.

Du coup, la ville, tout bidonville qu’elle soit, se voit transfigurée. Tel est le miracle de la foi, ou du moins de l’auto-persuasion. Il suffit d’y croire, de même que pour édifier la cité idéale, tous les utopistes le diront, « il n’y a qu’à… ».

Miracle à Milan s’impose comme un conte assurément, une fable, et tout cela reste au plus haut point chimérique : la réalité s’impose lourdement, celle de l’après-guerre en Italie, mais aussi la nôtre, aujourd’hui, qui procède encore à l’« évacuation des camps ». Mais que serait la réalité sans une pincée de rêve ?

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villes mythiques

La ville - création humaine s’opposant à la nature qui est, elle, don divin - est porteuse de fantasmes. Conviviale ou tentaculaire, oppressante ou féerique, elle est objet de fascination. On ne compte pas les films qui, des Mystères de Paris à Gangs of New York, en ont exploré les méandres et ont cherché à l’idéaliser. Mais, presque inévitablement, Brazil prend le pas sur Les Parapluies de Cherbourg. La ville rêvée devient cauchemar, confirmant ce que Cinélégende constatait récemment : Il semble bien difficile d’implanter le paradis sur notre terre.

utopies et dystopies

Deux amours ont donc fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste.
Saint Augustin, La Cité de Dieu

L'île d'Utopia, d'après Thomas More
Utopia, «  u-topie  » ? C’est là un mot forgé de toutes pièces au XVIème siècle par Thomas More, compromis étymologique entre un « lieu qui n'existe pas » et un « lieu de bonheur ». Il évoque la possibilité d’une société parfaite, sans défaut, et se situe donc à la frontière entre le possible et l’illusoire. Par opposition, « dystopie », mot utilisé en 1868 par John Stuart Mill dans un discours au parlement britannique, renvoie à un lieu mauvais, néfaste. La dystopie, par nature, relève du pur imaginaire et non pas, comme l’utopie, d’une prospective supposée réalisable ; elle évoque, en contrepoint du progrès social et technologique, des « futurs inhabitables » et c’est elle évidemment qui a les faveurs du cinéma, du roman et de la BD, pour lesquels le bonheur n’a pas d’histoire…

Ces rêves s’incarnent nécessairement dans l’organisation de la cité, en partant du postulat que l’on peut modifier les hommes en agissant sur leur cadre de vie. La ville s’impose alors comme le reflet visible, l’inscription dans le concret d’un projet social. La géométrisation urbaine exprime l’ordre hiérarchique, même si l’égalité est posée en principe. Nombreux sont les penseurs – philosophes ou romanciers, artistes ou urbanistes – qui ont été tentés un jour ou l’autre de décrire la ville exemplaire (en bien ou en mal). Leurs créations imaginaires expriment des fantasmes profondément ancrés dans l’âme humaine ; elles imprègnent la conscience sociale et relèvent à ce titre du domaine mythique.

Charles Fourier
Car il s’agit bien là de Création : l’auteur devient démiurge, il vise à remplacer Dieu. Son but avoué est de traduire dans l’espace une organisation sociale rationnelle et parfaite. Tout d’abord philanthrope aspirant à établir le règne du Bien, il ne tarde pas à devenir Big Brother. Il se dit garant du bien-être de ses concitoyens, mais, apprenti sorcier, il est dominé par la volonté de puissance, et ce seul aveu du grand utopiste Charles Fourier témoigne de l’esprit totalitaire qui dirigeait ses pas : Moi seul, j’aurais confondu vingt siècles d’imbécillité politique, et c’est à moi seul que les générations présentes et futures devront l’initiative de leur immense bonheur.

Il est remarquable de constater que l’utopie se dessine entre grands projets (édification de villes, gouvernance mondiale, voire implantation sur d’autres planètes) et petits détails triviaux (gestion précise et maniaque de la vie en commun  : horaires de la vie quotidienne, menus imposés, règlementation de la vie sexuelle ou de l’éducation des enfants, nature et couleur des vêtements, voire leur mode de boutonnage, dans le dos par exemple comme le préconisaient les saint-simoniens afin d’encourager l’entraide mutuelle…).

La Cité du Soleil de Campanella
Ce n’est pas par hasard si la ville idéale est toujours ceinturée, si elle s’inscrit dans un espace clos. En alla-t-il différemment d’ailleurs lorsque ce grand Utopiste, qui croyait l’Homme foncièrement innocent, créa un Paradis Terrestre cerné de hauts murs : le jardin d’Eden ? L’isthme qui rattachait l’île d’Utopia au continent est volontairement coupé par Thomas More, et le plan des villes utopiques, calqué sur des modèles cosmiques, les définit comme auto-suffisantes : la Cité du Soleil de Campanella, protégée par sept enceintes fortifiées, se compose de sept cercles concentriques d’édifices qui portent le nom des sept planètes, et de quatre routes radiales débouchant sur quatre portes orientées vers les quatre parties du monde.

Même si les villes se sont souvent créées dans l’improvisation et développées de façon anarchique par un afflux de population, l’urbanisme participe nécessairement d’un projet dont la finalité ne peut être qu’hégémonique. Toutes les sociétés ont rêvé, chacune à sa façon, de bâtir la cité universelle qui réunirait avec justice et dans le plus grand bonheur tous les enfants de la terre. Un rêve de perfection qui ne peut qu’être battu en brèche par le poids des réalités, quand ce n’est pas par la jalousie des dieux. Le mieux, on le sait, reste l’ennemi du bien.

la ville sacrée

On a pu dire que le développement des villes correspondait à une désacralisation du territoire, en même temps qu’à une démocratisation de la société. Il n’en reste pas moins

Les ghats, à Bénarès
que les villes utopiques mettent régulièrement en avant des symboles (un temple en matérialise volontiers le centre), et que les villes réelles fourmillent de rapports signifiants (prise en compte entre autres du terrain géographique : cours d’eau, points culminants…) qui montrent que leurs plans ne doivent rien au hasard. Ce qui est vrai sur le plan environnemental, fonctionnel ou stratégique l’est aussi sur le plan mythique : si l’on décide de bâtir un édifice important, on l’établit sur un site soigneusement choisi, représentatif, et inévitablement les dépendances et autres constructions se disposent en relation avec lui. Au fur et à mesure que les points de repère de la cité se multiplient, il se crée un maillage qui, ultérieurement, ne demande qu’à être déchiffré. La ville dans son organisation, spontanée ou planifiée, est inévitablement porteuse de sens.

Les noms même de villes attestent souvent une vocation religieuse et une empreinte mythologique : les « Saint-… » trahissent une affiliation spirituelle, plus ou moins profonde et persistante, tandis que d’autres continuent d’honorer en secret d’antiques divinités, comme toutes les Lugdunum (Lyon, Laon, Loudun, Leyde…), autrefois consacrées au dieu celtique Lug. Toutes ces villes ont des histoires à nous raconter.

Les mythes de fondation, qui s’appuient volontiers sur un meurtre ou un lynchage cérémoniel, définissent aussi bien la vocation d’une ville. Delphes est un centre, un omphalos, dont l’emplacement fut déterminé par le point de rencontre de deux aigles lâchés par Zeus aux deux extrémités de la terre. Dans un environnement peu favorable, la ville s’est créée autour de la dévotion initiale à la déesse-terre Gê, et s’est développée suite au meurtre de Python par Apollon. De même Rome fut édifiée là où la louve éleva Romulus et Remus, et tout commence avec la mort brutale de ce dernier.

Pèlerinage à La Mecque
Enfin certaines villes sont carrément définies comme « saintes » : Bénarès, Jérusalem, La Mecque ou Rome figurent parmi les capitales spirituelles. Elles sont chargées de mythes et d’histoire. Mais toutes les villes peuvent être considérées comme des entités vivantes, organiques, dotées d’une certaine personnalité. Bien plus qu’un simple cumul de bâtiments et d’hommes, elles endossent un rôle et arborent volontiers un visage légendaire éventuellement revendiqué par la science-fiction : la ville tentatrice, féminine de L’Aurore ; la ville Moloch, écrasante, de Metropolis ; la ville pieuvre d’Invasión ; la métropole illimitée de Blade Runner ; Nantes rêvant de lointains rivages dans Lola ; la sensuelle Venise dans Senso

la ville maudite : de Babel à la ville d’Ys

La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la surface de toute la terre. » L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Eternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne le empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons, descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue les uns des autres. » Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville.
Genèse, XI 3-10

Lot fuyant Sodome, Chronique de Nuremberg,
gravure sur bois, 1432
L’arrogant projet de Babel avorta. L’homme ne s’en livra pas moins à la débauche : il ne tarda pas à édifier Sodome et Gomorrhe, réputées pour leurs turpitudes. S’agissait-il d’homosexualité (la sodomie), ou plutôt, selon le Livre d’Ezéchiel, d’orgueil, d’excès, d’insouciance et de manquement à l'hospitalité ? Ces cités pécheresses ne tardèrent pas à être détruites par le soufre et le feu, victimes de la colère divine. Sans que l’on sache si elle était coupable, Jéricho ne connut pas un sort plus enviable. Le thème de la punition de toute une ville est universel. L’Atlantide disparaît au fond de l’océan lorsque ses habitants, corrompus, entreprennent de conquérir le monde. Selon les Métamorphoses d'Ovide, Zeus et Hermès se présentent déguisés dans une ville dont tous les citoyens, à l'exception de Philémon et Baucis, les rejettent : la ville est engloutie par un déluge qui n’épargne que le couple hospitalier.

C’est exactement ce qui est arrivé à la ville d’Herbauge, désormais enfouie sous les eaux du lac de Grandlieu. On dit que c’était, vers l'an 580, une ville riche et prospère. Mais c’était également une ville de débauche, fermement attachée au paganisme. Envoyé sur les lieux par saint Félix, évêque de Nantes, saint Martin de Vertou y arrive en bateau pour y prêcher la parole de Dieu. Mais il est rejeté de partout. Seuls un homme, Romain, et sa femme l'accueillent et se convertissent. Ce geste cependant ne suffit pas. Le Ciel ne pouvait tolérer une telle impiété : une voix retentit annonçant que la ville allait être engloutie ; les seuls justes devaient fuir sans tarder, et surtout sans jeter aucun regard derrière eux. C’est depuis ce temps-là qu’Herbauge gît au fond de l'eau ; il paraît qu'au centre du lac, on en entend encore sonner les cloches la nuit de Noël.

Le scénario est immuable : une ville prospère sombre dans le péché, dans la démesure, et elle doit être annihilée. La plus célèbre des villes englouties est sans doute Ys. Cette cité florissante, la plus belle du monde, devint la ville du péché. On y vénérait les idoles et la princesse Dahud y organisait des orgies. Un jour, un chevalier vêtu de rouge arriva et Dahud lui demanda de se joindre à elle. Il accepta à condition qu’elle lui apporte la clef de la ville que son père gardait, attachée à son cou et qui ouvrait la porte donnant sur la mer. Ce qu’elle fit, et dès que le diable fut en possession de la clé, il ouvrit la porte et une immense vague déferla sur Ys.

Troie est quant à elle punie pour avoir osé enlever la belle Hélène, tandis que Thèbes est menacée par la peste tant que l’incestueux parricide Œdipe reste dans ses murs…

la ville perdue

Les archéologues ont longtemps cherché à localiser la légendaire ville de Troie ; se trouvait-elle sur le site d’Hisarlik, en Turquie ? Et a-t-elle jamais existé ? On fouille les fonds sous-marins en quête des cités de l’Atlantide, et la légende rapporte que la ville d’Ys repose toujours au fond de la baie de Douardenez. Tous ses habitants y continuent à faire ce qu'ils faisaient au moment de l’engloutissement, et cela jusqu'à ce que la ville ressuscite. Certains y auraient plongé et, après une longue descente dans les ténèbres, ils auraient découvert une ville éclairée, plus grande que Paris ; une cathédrale y était pleine de monde et un prêtre disait l'office des morts ; n’a-t-on pas découvert aussi une voie romaine se dirigeant vers la mer et conduisant sans doute à une agglomération disparue ?

Un peu partout dans le monde, on s’interroge sur la localisation de villes souvent fabuleuses, comme Païtiti, la cité des Incas que les conquistadores ont découverte regorgeant d’or. Plus près de nous, on voudrait localiser la cité romaine de Robrica, entre Tours et Angers.

Enfin certaines villes sont carrément définies comme « saintes » : Bénarès, Jérusalem, La Mecque ou Rome figurent parmi les capitales spirituelles. Elles sont chargées de mythes et d’histoire. Mais toutes les villes peuvent être considérées comme des entités vivantes, organiques, dotées d’une certaine personnalité. Bien plus qu’un simple cumul de bâtiments et d’hommes, elles endossent un rôle et arborent volontiers un visage légendaire éventuellement revendiqué par la science-fiction : la ville tentatrice, féminine de L’Aurore ; la ville Moloch, écrasante, de Metropolis ; la ville pieuvre d’Invasión ; la métropole illimitée de Blade Runner ; Nantes rêvant de lointains rivages dans Lola ; la sensuelle Venise dans Senso

la ville maudite : de Babel à la ville d’Ys

La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la surface de toute la terre. » L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Eternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne le empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons, descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue les uns des autres. » Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville.
Genèse, XI 3-10
La Jérusalem céleste
dans la
Tenture de l'Apocalypse (Angers)

la ville promise

L’Apocalypse oppose à Babylone, la « grande prostituée », une ville « paradisiaque » : la nouvelle Jérusalem qui, elle, ne sera plus œuvre humaine, mais création divine.

Il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui d'une pierre très précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël [...] Il mesura la ville avec le roseau, et trouva douze mille stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales.
Apocalypse selon saint Jean, XXI 10-16

En somme une ville parfaite comme ont pu la rêver les utopistes. Les architectes, les urbanistes restent de grands rêveurs : une discipline à la frontière de la réalité la plus concrète et de l’imaginaire le plus exalté, qui, bien qu’ayant les pieds sur terre, rejoint les fantasmes intemporels qui modèlent l’homme, des fantasmes de puissance ou bien des fantasmes de générosité, des fantasmes de grandeur ou des fantasmes d’intimité, les uns n’excluant pas les autres.

Je reconnais bien volontiers qu’il y a dans la république utopienne bien des choses que je souhaiterais voir dans nos cités. Je le souhaite, plutôt que je ne l’espère.
Thomas More, Utopia

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La ville idéale au fil de l’histoire

Les sociétés humaines ont toujours rêvé de villes merveilleuses qui – tout comme le Paradis récemment exploré par Cinélégende – se nichent dans un lointain passé, un ailleurs problématique ou bien un futur incertain.

Le premier grand utopiste de notre histoire fut Platon. Il décrit Callipolis, la « belle ville », la Cité idéale organisée par castes et gouvernée par des princes-philosophes. Il pense politique, mais se situe d’emblée sur un plan mythique : il s’agit de restaurer l’âge d’or, l’Athènes primitive menacée par la démesure des Atlantes, impérialistes et corrompus.

Enfin certaines villes sont carrément définies comme « saintes » : Bénarès, Jérusalem, La Mecque ou Rome figurent parmi les capitales spirituelles. Elles sont chargées de mythes et d’histoire. Mais toutes les villes peuvent être considérées comme des entités vivantes, organiques, dotées d’une certaine personnalité. Bien plus qu’un simple cumul de bâtiments et d’hommes, elles endossent un rôle et arborent volontiers un visage légendaire éventuellement revendiqué par la science-fiction : la ville tentatrice, féminine de L’Aurore ; la ville Moloch, écrasante, de Metropolis ; la ville pieuvre d’Invasión ; la métropole illimitée de Blade Runner ; Nantes rêvant de lointains rivages dans Lola ; la sensuelle Venise dans Senso

la ville maudite : de Babel à la ville d’Ys

La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la surface de toute la terre. » L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Eternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne le empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons, descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue les uns des autres. » Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville.
Genèse, XI 3-10

La ville de Neuf-Brisach (Haut-Rhin),
créée par Vauban en 1697
Toutes les civilisations, dès qu’elles ont pu fédérer en un même lieu et sous une même autorité un nombre suffisant d’habitants, ont aspiré à édifier la ville idéale. Des cités précolombiennes à la Cité interdite, d’Angkor Thom à Fatehpur Sikri, du Milet d’Hippodamos au Neuf-Brisach de Vauban, il s’agit toujours, entre pures rêveries et réalisations concrètes, de faire coïncider l’épanouissement harmonieux de l’individu et la consolidation de l’ordre social. On n’a pas hésité par ailleurs à mythifier certaines villes comme Tombouctou, Bagdad ou Samarcande, qui ont engendré bien des rêves.

Enfin certaines villes sont carrément définies comme « saintes » : Bénarès, Jérusalem, La Mecque ou Rome figurent parmi les capitales spirituelles. Elles sont chargées de mythes et d’histoire. Mais toutes les villes peuvent être considérées comme des entités vivantes, organiques, dotées d’une certaine personnalité. Bien plus qu’un simple cumul de bâtiments et d’hommes, elles endossent un rôle et arborent volontiers un visage légendaire éventuellement revendiqué par la science-fiction : la ville tentatrice, féminine de L’Aurore ; la ville Moloch, écrasante, de Metropolis ; la ville pieuvre d’Invasión ; la métropole illimitée de Blade Runner ; Nantes rêvant de lointains rivages dans Lola ; la sensuelle Venise dans Senso

la ville maudite : de Babel à la ville d’Ys

La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la surface de toute la terre. » L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Eternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne le empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons, descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue les uns des autres. » Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville.
Genèse, XI 3-10

Vue de Jérusalem, Liber chronicarum mundi, Nuremberg,1493
L’essor urbain au Moyen Age exalte la ville et cherche à y projeter la Jérusalem céleste, promise à la fin des temps, tandis que l’on représente celle-ci à l’image des villes existantes, avec fortifications, portes et églises. Le mirage de la ville idéale reste un leurre. Une légende apparaît ainsi au XIIème siècle : sept évêques auraient quitté Merida, prise par les Maures, en emportant de précieuses reliques, et auraient fondé les fabuleuses Cités d’or de Cibola et Quivira. Nombreux sont ceux qui partirent à leur recherche jusqu’à ce que, avec la découverte de l’Amérique, on les assimile à l'Eldorado. C’est ainsi que Marcos de Niza prétendit avoir découvert au nord du Nouveau Mexique sept cités immensément riches qui ne furent jamais retrouvées.

Le développement de la pensée rationnelle pense pouvoir fixer le rêve. Des récits de voyage, où entre une bonne part d’imagination, décrivent des sociétés idéales : l’île d’Utopia qui, sous un régime « communiste », ignore la propriété privée ; la théocratique Cité du Soleil, localisée par Campanella à proximité de Sumatra ; La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon, fondée sur le progrès scientifique, ou encore les villes mobiles (les maisons reposent sur quatre roues et se déplacent à l'aide de voiles) et les villes sédentaires (les maisons rentrent sous le sol pour éviter les intempéries) que Cyrano de Bergerac découvre sur la lune... Les spéculations se poursuivent avec les villes enfouies sous la surface de la lune des Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle, et les mondes visités par Gulliver, par le Télémaque de Fénelon ou par le Candide de Voltaire, tandis que de Jean Valentin Andreae, fondateur de la Rose-Croix, retrouve l'harmonie intérieure à Christianopolis, symbole de la Jérusalem céleste.

Mais la description de pays lointains et imaginaires va bientôt faire place à des projets concrets. Dès le XVIIème siècle, les jésuites établissent au Paraguay des « réductions » soumises à une sorte de communisme chrétien,

La saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs),
fin XVIIIème siècle, créée par Ledoux
à la fois société modèle et système d’oppression pour les Indiens. Un siècle plus tard, Ledoux entreprend la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans, ébauche d’une cité destinée à regrouper harmonieusement les ouvriers autour de l’usine et à en optimiser la productivité. Les idéaux révolutionnaires s’affirment peu à peu et ne tarderont pas à se traduire dans l’architecture : la promesse d’une cité du Bonheur, de l’Egalité et de la Fraternité. Comme le note Jean Delumeau, on est passé du désir de paradis à l’espérance socialiste.

Au XIXème siècle, avec les progrès de l’industrialisation, l’utopie semble vouloir se réaliser. Les projets se multiplient et sont ici et là mis en œuvre: Robert Owen fonde en Indiana le village industriel de New Harmony ; son expérience échoue mais suscite d’autres essais.

Le Familistère de Guise (Aisne),
fondé par Jean-Baptiste Godin en 1697
Charles Fourier invente le phalanstère et fait de nombreux émules, dont Godin ; son familistère, qui survivra jusqu’en 1968, accueille les ouvriers de sa fonderie. Des communautés égalitaires s’établissent sur le modèle proposé par Cabet dans son Voyage en Icarie… Mais toutes ces tentatives, où la recherche du bonheur de chacun se conjugue avec un régime autoritaire et un refus de liberté, avortent à plus ou moins long terme.

Alors que le progrès social et technique semble autoriser les rêves utopiques, surgissent les contre-utopies : déjà Les Voyages de Gulliver relativisait les bienfaits du progrès social ; les récits critiques se multiplient, avec notamment la société aseptisée du Meilleur des mondes et le contrôle imposé à chacun dans 1984.

Le rêve de la cité idéale ne cesse de se heurter à la réalité, même si certains projets ont pu s’imposer quelque temps. Mais de Platon à Ceaucescu, de la phalange à la domination mondiale, et entre sectes et soviets, il entretient l’aspiration millénariste et se nourrit inévitablement d’un certain mysticisme : c’est entre ses murs que les « élus » vivront éternellement, dans un bonheur absolu.

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Actualité de l’utopie

Aujourd’hui nous sommes confrontés à une question nouvelle qui est devenue urgente : comment peut-on éviter la réalisation définitive des utopies ? Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies.
Nicolas Berdiaeff, exergue pour Le Meilleur des mondes

L’homme n’a jamais cessé de rêver, et de projeter ses rêves dans l’avenir. L’utopie et le projet de la ville idéale restent nécessairement d’actualité. Les modèles urbanistiques, aux schémas géométriques, fonctionnels, répondent toujours à la volonté de contrôler la société et ses sujets. Relèvent-ils encore de l’utopie, ou ne se contentent-ils pas d’actualiser les pouvoirs, économiques et politiques, en place ? Les projets des urbanistes, tout visionnaires qu’ils soient, restent des produits idéologiques, plus proches sans doute de la science- ou politique-fiction que de la mythologie, quoique leurs implications, idylliques ou cauchemardesques, semblent parfois vouloir parler de paradis ou d’enfer, de héros fondateurs, de géants tyranniques et de monstres dévorants… Alors que la stabilité de l’habitat fait place à la mouvance et que l’homme redevient nomade, les villes étendent au loin leurs tentacules et leurs cœurs ne cessent d’évoluer. C’est la tentation du village global, de la cité planétaire. La métropole – étymologiquement la « ville-mère » – qui, accueillante, protégeait jalousement ses habitants entre ses remparts, prend des allures de mère dévorante à la voracité de laquelle certains voudraient pouvoir échapper.

De plus en plus, avec la prise de conscience des urgences climatiques et démographiques, qui prennent volontiers une dimension apocalyptique,

La petite Tour de Babel, par Pieter Bruegel
et avec le développement des moyens technologiques, politiques et économiques, l’urbaniste s’affirme comme un démiurge. Par-delà ses projets architecturaux et la définition d’un cadre de vie, il entend réglementer la vie sociale et individuelle de chacun et même mettre au pas la nature. Il se fait Prométhée et, comme les citoyens de Babel, tente de dérober l’étincelle divine. Organiser l’espace de façon rationnelle implique inévitablement une certaine vision du cosmos.

La ville comme cadre de la société rénovée fait fantasmer. On a pu recenser dès 1911 1150 livres proposant des utopies, sans parler de celles qui étaient directement mises en œuvre sur le terrain, tandis qu’un Guide des alternatives relevait en 1998 12000 expériences distinctes. Le nombre n’a cessé de progresser depuis. Les romans et films de science-fiction, les BD édifient des mondes futuristes, des villes improbables qui peuvent inspirer les projets réels et où les pouvoirs accrus de l’homme et sa vocation au bonheur doivent composer avec son asservissement aux pouvoirs qui le dirigent. La malédiction de Babel n’a pas fini de contrarier la promesse de la Jérusalem céleste.

Comme le rêve du paradis, les fantasmes urbains se nourrissent à la fois du passé (la nostalgie des anciennes civilisations, idéalisées) et du futur (projection dans l’avenir des aspirations de l’humanité). La cité du futur prend de nouvelles formes : d'un côté les projets pharaoniques, pétris d’orgueil, de nouveaux-riches, de l'autre des utopies prônant l'égalité, la justice sociale et l’écologie. D’une part les édifices de Dubaï qui, fort de l’argent du pétrole, défient les conditions climatiques ; d’autre part les Nymphéas de Vincent Callebaut, anticipant le réchauffement climatique et la montée des eaux, projet d'écopole flottante multiculturelle dont le métabolisme serait en symbiose parfaite avec les cycles de la nature.

L’avenir de l’urbanisme est dans la disparition des villes.
Michel Ragon Utopia
Dubai : les Towers
le Burj
Projet des Nymphéas, par V. Callebaut

biblio-filmographie

Livres

. Antoine PICON, Dictionnaire des utopies, 2002
. Jean SERVIER, L’Utopie, PUF, 1979
. Thierry . PAQUOT, Utopies et utopistes, Ed. La Découverte, 2005
. Raymond RUYER, L’utopie et les utopies, PUF, 1950
. Georges JEAN, Voyages en Utopie, Gallimard, 1994
. Thomas MORE, L’Utopie, 1516 – Garnier-Flammarion, 1989
. Tommaso CAMPANELLA, La Cité du soleil, 1623 – Droz, 1972
. Jonathan SWIFT, Les Voyages de Gulliver, 1721
. George ORWELL, 1984, 1948
. Aldous HUXLEY, Le Meilleur des mondes, 1932
. Robert SILVERBERG, Les Monades urbaines, 1971
. Thierry JAMIN, Pierre-Albert RUQUIER, L’Eldorado inca. A la recherche de Païtiti, Editions Hugo & Cie, 2006
. Robert VENTURI, Denise SCOTT BROWN, Steven IZENOUR, L’Enseignement de Las Vegas, 1977
. Louis MARIN, Utopiques : jeux d’espaces, 1973
. Utopie – La quête de la société idéale en Occident, BNF, Fayard, 2001
. Patrick CHAMOISEAU, Texaco , Gallimard, 1994

Films

. Fritz LANG, Metropolis, 1927
. Robert ALDRICH, Sergio LEONE, Sodome et Gomorrhe, 1961
. Robert RODRIGUEZ, Frank MILLER, Quentin TARANTINO, Sin City, 2006
. F. W. MURNAU, L’Aurore, 1927
. Terry GILLIAM, Brazil, 1985
. Richard FLEISCHER, Soleil Vert, 1973
. John CARPENTER, New York 1997, 1987
. Axel PROYAS, Dark City, 1998
. Michangelo ANTIONINI, Le Désert Rouge, 1964
. Michael ARIAS , Amer Béton, 2006
. Jacques TATI, Play Time, 1967
. Tim BURTON, Batman, 1989
. Ridley SCOTT, Blade Runner, 1982
. Francesco ROSI, Main basse sur la ville, 1963
. Jean-luc GODARD, Alphaville, 1965
. W. C. MENZIES, La Vie future, 1936
. Sabina GUZZANTI, Draquila, l'Italie qui tremble, 2009
. Peter WEIR, The Truman Show, 1998
. Michael BAY, The Island, 2005
. RINTARO, Metropolis, 2001
. Raoul SERVAIS, Taxandria, 1995
. Richard T. HEFFRON, Les Rescapés du futur, 1976
. Mamoru OSHII, Ghost in the shell, 1995

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Programme 2011

miracle a milan

Italie - 1951 - 96 minutes - noir et blanc

Réalisation :Vittorio de Sica
Conte urbain
Scénario : Cesare Zavattini
Image : Aldo Graziati
Musique : Alessandra Cicognini
Interprètes : Francesco Golisano (Toto), Brunella Bovo (Edwige), Emma Grammatica (Lolotta), Paolo Stoppa (Rappi)

SUJET
Toto est un garçon simple, né dans un chou. Il s'établit dans un bidonville de Milan et y découvre des hommes pauvres mais solidaires. Il se met à leur service et, secondé par un ange qui lui permet de faire des miracles, transfigure leur environnement en s’attachant à leur faire savourer un bonheur de bric et de broc. Jusqu’à ce que d’avides promoteurs décident de les chasser de ce fragile paradis…