contes de la difference
mardi 13 octobre,20h15 : Film
Wadjda (Arabie Saoudite,
Allemagne, 97 min.) de Haifaa Al Mansour, avec présentation et débat en présence
de Louis Mathieu, président de l'association Cinéma Parlant, et de
Dalila Morsly, professeure émérite des sciences du langage, militante féministe, présidente de l'association Kalima
Cinéma Les 400 coups, 12, rue Claveau, Angers, tél. : 02 41 88 70 95
Tarifs habituels aux 400 Coups : 8 €, réduit 6,50 €,
carnets 5,30 € ou 4,70 €, moins de 26 ans 5,90 €, moins
de 14 ans 4 €
Groupes scolaires (matinées du 7 au 13 octobre, réservation : 02 41 88 70 95) : 3,80 €
jeudi 15 octobre, 18h30 : Conférence
Le vilain petit canard face à notre destin ! Différences et exclusions : les contes, miroir de notre société, par Geoffrey Ratouis, docteur en histoire, spécialisé en histoire culturelle
Les contes et légendes, comme autant de miroirs déformés de notre société, nous confrontent bien souvent à l’autre dans toutes ses différences. Face à la discrimination, à l’exclusion, voire à la haine, le héros n’a d’autres choix que de fuir pour mieux revenir, afin de nous renvoyer à notre part d’ombre et à nos propres peurs. Et si le vilain petit canard n’était pas celui que l’on croit ?
Institut Municipal, place Saint-Eloi, Angers
Gratuit
vendredi 16 octobre, 20-22h :
La figure du méchant, par Schéhérazade (Véronique Vary)
Atelier d'écriture créative : écrire aujourd'hui à partir des contes d'antan. Ouvert à tous : novices ou plus expérimentés
Tout d'abord, ignorez les moqueries de votre entourage. Méfiez-vous des pères, des mères et belles-mères et de votre fiancé(e)…. Et puis faites attention aux loups, aux Ogres et aux Ogresses, aux Géants et aux Trolls, aux sorcières et aux mauvaises fées de tout poil, à Baba Yaga la Chasseresse, et aux Génies (surtout s'ils sont enfermés dans une bouteille). Gardez-vous des revenants. A moins bien-sûr d'être semblable au Garçon qui voulait avoir peur (conte de Grimm) !
Association Cinélégende, 51 rue Desjardins, Angers
7 € ( réduit 5 €)
- forfait cycle annuel : 20 € (réduit 15 €) - révervation 02 41
86 70 80
Voir les textes produits au cours de cet atelier
samedi 17 octobre, 18-19h30 :
Contes
De vilains petits héros, par les Conteurs de la Jabotée
Pour cette racontée sur "La différence" les conteurs vont vous faire voyager, rêver avec des histoires d'ici et d'ailleurs : du Grand Nord au Pays d'Afrique, en passant par l'Europe. Un grand voyage où nous allons rencontrer de vilains petits héros...
Maison de Quartier St-Léonard, 64 rue Gabriel Lecombre, Angers
Gratuit
mardi 27 octobre, 13h30 : Film
Le vilain petit Canard (Russie, 74 min.) de Garri Bardine, présenté par Gildas Jaffrennou,
enseignant cinéma, spécialiste du cinéma d'animation
Cinéma Les 400 coups, 12, rue Claveau, Angers, tél. : 02 41 88 70 95
Tarifs habituels aux 400 Coups : 8 €,
réduit 6,50 €, carnets 5,30 € ou 4,70 €, moins de 26 ans 5,90 €, moins de 14 ans
4 €
Groupes scolaires (matinées du 14 au 27 octobre, réservation : 02 41 88 70 95) : 3,80 €
Commentaires
Textes de Philippe Parrain
Il n'était pas une fois, mais bien aujourd'hui, l'histoire d'une petite fille qui habite un pays étrange où toutes les femmes sont voilées de noir.
Si les contes sont supposés se passer dans un autre monde, "en un certain royaume", Wadjda nous projette, nous occidentaux, dans une société obéissant à des règles paradoxales tout en témoignant d'un état de fait bien réel.
C'est également en référence à une réalité sociale précise que, sur le ton de la fable, Le vilain petit Canard se raconte : au-delà de la douloureuse histoire d'un marginal - donc un dissident -, la description d'un régime totalitaire et d'un peuple conditionné, qui évoque - entre bien d'autres - la situation dans l'ancienne URSS.
Comme quoi le conte, qui accompagne un personnage dans les épreuves qu'il doit subir afin de s'affirmer au sein d'un monde hostile, peut aussi bien s'ancrer dans l'actualité…
Wadjda
Premier film saoudien, produit dans un pays qui ne possède aucune salle de cinéma, Wadjda est également remarquable en ce qu'il a été réalisé par une femme. Haifaa Al-Mansour a dû faire preuve de persévérance, convaincre, et, à l'exemple de son héroïne, ruser pour faire de son rêve une réalité. C'est ainsi que, pour les tournages en extérieur, il était impensable de la voir diriger une équipe masculine : elle dut se contenter de donner des instructions préliminaires avant de contrôler, cachée dans une camionnette, les prises de vues sur un moniteur.
C'est un pays pris entre tradition et modernité qu'elle décrit, en refusant toute stigmatisation. Elle propose une réflexion sur la condition des femmes en Arabie Saoudite : la question du voile (exigé par la directrice de la madrasa), le mariage forcé (Salma), la polygamie (à laquelle est confrontée la mère de Wadjda), le travail en milieu mixte comme à l'hôpital (Leila), l'émancipation (Abeer), et bien sûr, avec Wadjda, la tentation des valeurs occidentales.
Mais, au-delà du constat social, Wadjda peut aussi être vu comme un récit initiatique dont le sujet et l'écriture semblent faire référence au Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica.
Voir le dossier pédagogique
Le vilain petit Canard
Le vilain petit Canard est également un premier long métrage pour un réalisateur considéré désormais comme un maître de l'animation russe, l'auteur de films courts faisant appel à différentes techniques : pâte à modeler, marionnettes, origami (papiers pliés)... Ce film, mettant en scène quelque quatre cents personnages modelés à la main, animés image par image, est le fruit de six années de travail solitaire.
Bardine a toujours donné la primauté dans ses films à la musique, et il n'hésite pas à faire de celui-ci une comédie musicale, un ballet construit à partir de compositions de Tchaïkovski (Le Lac des Cygnes et Casse-Noisette). C'est sur ces lignes mélodiques qu'il orchestre la vie du poulailler et qu'il nous fait entendre la complainte du vilain petit canard.
Suivant en cela l'exemple d'Andersen, auquel il est plus ou moins fidèle, il a conçu son film pour les adultes aussi bien que pour les enfants. Il y développe une parabole sur l'intolérance et l'asservissement de l'individu, un pamphlet assez virulent à l'égard de comportements pervers. La basse-cour représente une société oligarchique soumise à un gros dindon, maître absolu auquel sont rendus les hommages militaires. Pour Garri Bardine, cette ferme est une métaphore du régime soviétique : « Pendant l'écriture du scénario, j'ai pris du recul par rapport à ma vie, et à l'expérience acquise en vivant dans un état totalitaire. Dire que je critique l'Union Soviétique serait inexact. La basse-cour dans le film est une métaphore du totalitarisme, régime qui peut régner aussi en Afrique et en Asie… N'importe où dans le monde. »
Dossier pédagogique : : www.lafermedubuisson.com/IMG/pdf/dossierpedagogique_vpc.pdf
thèmes mytho-légendaires du film
Il résolut de surmonter tous les obstacles et de délivrer la fille du roi […] La fière princesse se leva de son siège comme une fleur qui se dresse sur sa tige aux premiers rayons du soleil.
L. de Baecker, Bidasari(1875)
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L'apparition
des cygnes sur le lac
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en marge
Le plus jeune était fort délicat et ne disait mot […] Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison et on lui donnait toujours tort.
Charles Perrault, Le Petit Poucet
Chacun des deux films s'attache à décrire la société dans laquelle va s'inscrire l'action, et cela de façon quasi documentaire en ce qui concerne Wadjda. Et cette description est à charge, dénonçant des régimes aliénants et mettant en scène, comme dans les contes, des personnages bien caractérisés, chacun dans son rôle : la mère aimante mais dominée et soumise, la méchante directrice et le copain sympa, d'un côté ; le coq suffisant et arrogant, la poule falote et l'asticot facétieux de l'autre.
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Ouverture de Wadjda
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Les premiers pas du petit canard
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Le père de Wadjda
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Hans-Christian Andersen
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l'élu
Peu importe d'être né dans une cour de canards, si l'on est sorti d'un œuf de cygne.
Hans Christian Andersen, Le vilain petit Canard
Dans les contes, le héros, qui au départ est le plus défavorisé, est prédestiné. Il est rare que, comme pour le Petit Chaperon rouge de Perrault, son aventure ne soit pas couronnée de succès ; il ne manquera pas de bénéficier en temps utile des moyens magiques qui lui seront nécessaires pour poursuivre son chemin.
Car il s'agit bien d'un cheminement intérieur. On peut noter dans les deux films l'importance donnée aux pieds (ou aux pattes). L'affiche de Wadjda insiste sur les lacets de la basket, et c'est par les chaussures que la fillette est identifiée dès l'ouverture du film. Entre autres images, on la voit s'appliquer à vernir ses ongles de pied, et ce sera plus tard un gros plan sur ses pieds et ceux d'Abdallah qui marquera leur connivence, juste avant qu'une transition nous montre les autres élèves occupées à se purifier en se lavant les pieds.
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Les premiers essais de vol
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La naissance du petit canard
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Le défi
On n'est pas encore quittes. J'te battrai quand j'aurai un vélo. Et là, on sera quittes.
Wadjda à Abdallah
Il leur reste désormais à prouver leur véritable valeur, à se qualifier. Des défis leur sont lancés : le désir de Wadjda s'éveille lorsqu'Abdallah la taquine parce qu'elle n'a pas de vélo, et le vilain petit canard, découvrant, ébahi, la beauté des cygnes, ne peut s'empêcher de faire ses premiers essais de vol.
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Wadjda
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La réponse à ces défis implique bien sûr une certaine dose de transgression. Wadjda affiche sa liberté de pensée et de mouvement, jusqu'à se rendre chez le chauffeur immigré. Le petit canard s'aventure dans l'autre monde, par-delà le passage symbolique du pont. Quitte à faire fi de la morale : faire semblant de rentrer dans le rang en apprenant le Coran tout en laissant accuser les deux copines supposées avoir « commis un péché »…
Il n'est pas sans intérêt de constater que l'on peut observer dans les deux
films une sorte de « triplication » du parcours, comme dans les contes
où le héros doit franchir trois épreuves successives avant de toucher au but :
- les petits commerces de Wadjda pour réunir l'argent,
- l'apprentissage du vélo,
- le concours de récitation,
d'une part ; et d'autre part :
- l'héroïque combat avec le renard,
- la rencontre avec les oies sauvages et surtout avec les chasseurs,
- l'hiver et l'enfouissement dans la neige.
Grandir
En se donnant du mal, on est doublement récompensé.
Wadjda à la directrice
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L'essayage de l'abaya
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La directrice de l'école
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Le petit canard également, à travers la mélancolique rêverie de son double, aspire sans le savoir à autre chose, à une vie magnifiée.
Voler de ses propres ailes
Ses plumes se gonflèrent, son cou mince se dressa, et, ravi dans son cœur, il cria : - Jamais je n'ai rêvé d'un tel bonheur quand j'étais le vilain petit canard.
Hans Christian Andersen, Le vilain petit Canard
Le cygne d'Andersen, évoluant sur le lac, reste soumis : il n'est que l'objet de l'admiration et de l'amusement des enfants. Tel un courtisan fraîchement arrivé à la cour, il minaude en s'admirant : « Il goûtait tout son bonheur en voyant la magnificence qui l'entourait, et les grands cygnes nageaient autour de lui et le caressaient de leur bec ». Celui de Bardine, par contre, ose s'envoler et narguer du haut du ciel ses anciens compagnons de misère.
Il s'agit pour le jeune cygne d'une véritable renaissance, la révélation de sa véritable nature. Il émerge, immaculé (lui qui était tout noir), de la boule de neige, comme il était sorti de l'œuf. Et Wadjda, dans l'étreinte qui l'unit à sa mère, retrouve la chaleur du sein maternel, avant que son bonheur n'éclate en feu d'artifice. Ils sont tous deux parvenus au terme de leur initiation rituelle. Ils vont pouvoir rejoindre le monde qui est désormais le leur : comme dans les contes, s'intégrer dans leur foyer, intime pour le noyau familial que Wadjda forme désormais avec sa mère, laquelle trouve ainsi sa consolation dans et par sa fille ; ou bien déployé dans le vaste ciel pour le cygne qui y rejoint ses congénères.
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L'envol des cygnes
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Le conte n'est pas fini : Wadjda rejoint Abdallah, le « prince charmant ». Se marieront-ils un jour, seront-ils heureux… ?
la grandeur du petit poucet
Il était une fois un tsar qui avait trois fils. Les deux premiers étaient sensés, le troisième simple d'esprit…
Afanassiev, Les Contes populaires russesCe dernier ne pouvait se consoler d'avoir un si pauvre lot…
Charles Perrault, Le Chat botté
Les contes nous entraînent avec les héros dans des aventures merveilleuses, codifiées certes, mais toujours riches en imprévus, en rencontres providentielles ou fâcheuses, en interventions magiques… ; et il est prévu qu'ils se terminent bien. Mais, au départ, on trouve toujours un constat : un manque qui met l'histoire en route, l'insatisfaction d'un individu face à sa condition.
Personnages et modèles
Les vicissitudes de la vie s'étendent aussi bien sur les rois que sur les sujets.
Charles Perrault, Peau d'Âne
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Gustave Doré, Le petit Poucet
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Le conte aime bien utiliser les superlatifs et ses personnages sont les plus petits ou les plus grands, les plus miséreux ou les plus puissants, les plus sots ou les plus malins ; ils n'en restent pas moins des gens ordinaires qui peuvent être appelés à vivre des situations extraordinaires… Leur cadre de vie, dans lequel le récit s'enracine, reste parfaitement conventionnel ; il fait référence à la société qui les a engendrés et aux auditeurs à qui ils étaient destinés : des royaumes réduits à l'échelle humaine, celle d'un village, où l'on trouvait des profiteurs et des simples d'esprit… Une société intemporelle et universelle dans laquelle notre monde contemporain peut encore se reconnaître, tant elle renvoie à des images du temps passé certes, mais toujours familières.
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Judy Garland dans Le Magicien d'Oz
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Rencontres insolites
C'est un grand et monstrueux géant à trois têtes, capable de lutter contre cinq cents hommes et de les vaincre…
Jack et les géants, in Pierre Saintyves, Les Contes de Perrault
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Delphine Seyrig dans Peau d'Ane
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Reste à savoir qui a la chance d'avoir une fée pour marraine, et de pouvoir accéder à ces territoires enchantés. Ce sont souvent des défavorisés sur le plan physique, intellectuel, social ou relationnel. Mais il semble qu'il faille surtout témoigner d'une certaine pureté de cœur. C'est par leur vertu que les héros se distinguent, ou tout simplement par le fait que ce sont eux qui ont été désignés pour mener le récit.
Éloge de la différence
De la bague fatale,
D'une justesse sans égal,
Son petit doigt fut entouré.
Charles Perrault, Peau d'Âne
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Gustave Doré, Les Fées
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Ils sont fondamentalement différents, et la différence implique une échelle de valeurs. La société décrite dans les contes n'a à la base rien d'égalitaire : elle est fortement hiérarchisée dans la répartition des pouvoirs et dans celle des richesses. Or le récit ne vise pas à rétablir l'égalité : le démuni accède à la richesse et la souillon devient princesse, et ils peuvent même en faire bénéficier leurs proches, mais il s'agit toujours d'une réussite au singulier ; le régime politico-financier ne s'en trouve que renforcé.
Même si les contes traduisent les aspirations à dépasser sa condition, cela n'implique aucune visée révolutionnaire. Ils tireraient leur origines de rituels initiatiques, et auraient à ce titre représenté pour les jeunes un modèle d'intégration dans le groupe social. Mais la société a évolué, et l'idée de promotion de l'individu a fait place à la nécessité du maintien de l'ordre établi, tout en faisant miroiter l'éventualité de pouvoir épouser la princesse, de se transformer en un beau cygne (ou bien d'avoir son « quart d'heure de célébrité », comme disait Warhol)… : pour les élus, de quelque nature qu'ils soient, et par quelques moyens qu'ils usent, de réussir à grimper au sommet de l'échelle sociale.
Des histoires morales ?
Partout la vertu y est récompensée, et partout le vice y est puni.
Charles Perrault, préface des Contes en vers
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Matteo Garrone, Tale of tales
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Morale donc la réussite du héros qui fait fortune et gagne son petit bonheur au terme de moult fourberies et atrocités ? On peut en douter. Sa promotion, quoi qu'il en soit, doit rester exceptionnelle ; d'aucuns pourraient la considérer comme une revanche, un simple rétablissement de la justice. Non seulement sa différence, mais surtout son excellence l'exige. Il faut bien reconnaître qu'à l'inverse un poussin éclos parmi les cygnes resterait incapable de s'envoler, de quitter la terre ferme. Il resterait seul à se lamenter au bord du lac. Le droit à la différence serait-il l'apanage du meilleur, du plus chanceux ? Ou bien chaque individu peut-il espérer un jour devenir cygne… ?
Livres
. Vladimir PROPP, Les Racines historiques du conte merveilleux, Gallimard, 2000. Pierre SAINTYVES, Les Contes de Perrault et les récits parallèles, Robert Laffont, 1987
. Jack ZIPES, Les Contes de fées et l'art de la subversion, Payot, 1986
. Nicole BELMONT, Poétique du conte (Essai sur le conte de tradition orale), Gallimard, 1999
. Marie-Louise TENÈZE, Du conte merveilleux, in Approches de nos traditions orales, Maisonneuve et Larose, 1970
flms
. Jafar PANAHI, Hors jeu, 2006
. Sedigh BARMAK, Osama, 2003
. Victor FLEMING, Le Magicien d'Oz, 1939
.
Joseph LOSEY, Le Garçon aux cheveux verts, 1948
. Éric TOLÉDANO, Oliver NAKACHE, Intouchables, 2011
. Abdelatif KECHICHE, Vénus noire, 2010
. David LYNCH, Elephant Man, 1980
. Norman JEWISON, Dans la chaleur de la nuit, 1967
. Emir BAIGAZIN, Leçons d'harmonie, 2013
. Brian DE PALMA, Carrie au bal du diable, 1976