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La fête des morts

 

jeudi 29 novembre, 18h30 : Film documentaire
Rendez-vous au monument aux morts, de Marie Mora Chevais (©CNRS Images, 2014, 47 minutes) présenté par Alain Jacobzone, historien, dans le cadre de l'exposition Illustrer la Grande Guerre

La Première Guerre Mondiale marque l'entrée du 20e siècle dans la mort de masse. Afin de garantir la permanence du souvenir de tous ces soldats morts pour la patrie, on érige dès le début des années 1920 des monuments aux morts dans toute la France. Pluriels dans leur forme comme dans leur sens, ils constituent un précieux témoignage des mentalités de l'après-guerre.
Plusieurs historiens mettent en lumière les diverses significations que revêtent ces monuments répondant à la fois à la nécessité du deuil pour les familles et à celle de la commémoration de la victoire de la République. Loin d'être les témoins muets de notre passé, ils nous interrogent sur la manière dont nous transmettons et maintenons notre mémoire collective. 
Musée des Beaux-Arts, place Saint-Eloi, Angers
Gratuit

mardi 3 décembre, 20h : Film
Au revoir là-haut (France, 117 min.) d'Albert Dupontel, avec présentation et débat en présence de Louis Mathieu

Cinéma Les 400 coups, 12, rue Claveau, Angers

Tarifs habituels aux 400 Coups : 8,20 €, réduit 6,60 €, carnets 5,40 € ou 4,80 €, moins de 26 ans 6 €, moins de 14 ans 4 € - tarif groupe, les matins  également, sur réservation (02 41 88 70 95) : 3,80 €

jeudi 5 décembre, 18h30 : Conférence
Mythes et mythologie de la Grande Guerre, par Geoffrey Ratouis, historien

La Grande Guerre, de par sa dénomination contemporaine, est à elle seule une légende, le hors-classe de la gloire, comme si tous les conflits qui l'ont précédée, faisaient pâle figure à côté. Si l'extrême violence des combats, l'ampleur des opérations militaires et des forces armées en présence, la terrifiante efficacité de l'armement, le tragique bilan humain et leurs conséquences morales ont largement contribué a graver son souvenir dans nos mémoires collectives, la propagande effrénée a également modelé sa postérité. Car au-delà de l'indispensable hommage à ceux qui l'ont faite, la Grande Guerre a également enfanté des légendes. 
Institut Municipal, place Saint-Eloi, Angers
Gratuit

samedi 7 décembre, de 14h30 à 17h : Atelier intergénérationnel, en partenariat avec l'association Les Iles Balladart
Création de masques d'inspiration mexicaine

Vous êtes accompagné pour "lâcher prise" et donner libre court à votre imagination. L'élaboration de votre décor sur le masque en papier moulé se fait principalement à partir de votre ressenti des couleurs.
Les Iles Balladart, 31 bd Albert Camus (entrée rue des Gouronnières, face au parking du centre Leclerc), Angers
Aucun niveau n'est requis : Les enfants (6 à 10 ans) sont accompagnés d'un adulte participant.
Adultes : 10 €, enfants : 5€ - Réservations : 02 41 86 70 80
Le matériel est fourni : masque, peinture, colle...

Commentaires

Textes de Philippe Parrain

Il est toujours périlleux d’adapter au cinéma un chef-d’œuvre littéraire. C’est le cas du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013. Il est certes illusoire de vouloir entrer dans tous les développements et subtilités d’un roman foisonnant de 600 pages, et de respecter la multiplicité des points de vue qu’il propose. Il faut reconnaître qu’inévitablement le film est réducteur. Mais, tout autant que la BD qui a également réinterprété l’œuvre, il ouvre de nouvelles perspectives et permet de bénéficier des ressources propres au cinéma. Il peut ainsi, sans pour autant trahir l’original, s’épanouir autrement, avec brio, grâce à une somptueuse mise en scène, particulièrement riche sur le plan visuel. Il se présente comme un condensé du roman, auquel il n’est pas superflu de retourner. Il faut préciser que l’auteur de ce dernier a participé à l’écriture du scénario et validé les nombreuses entorses apportées à la narration.

Au revoir là-haut

À l’image d’un Terry Gilliam, Albert Dupontel est fasciné par la folie, la rage, le chaos. Sa carrière a débuté en interprétant des sketches à l’humour corrosif que l’on retrouve, de façon provocatrice et outrancière, dans ses premiers films en tant que réalisateur (Bernie, Le Violent ...). Il s’assagit par la suite dans ses propos, peaufine son écriture et s’impose comme un auteur inspiré dans 9 mois ferme avant de s’affirmer avec Au revoir là-haut (Césars 2018 des meilleurs réalisation, adaptation, photographie, décors et costumes). Pamphlet anticapitaliste toujours d’actualité, il dépeint une époque ouverte à toutes les magouilles. Les situations, parfaitement incongrues, s‘inspirent de faits authentiques, même si elles ont été fortement romancées. L'arnaque des monuments aux morts par contre est une pure invention de Pierre Lemaitre.

La virulence de certains portraits de personnages minables, de nantis et profiteurs sans vergogne tourne au jeu de massacre. Mais le cynisme, qui ne tarde pas à faire tache d’huile, n’exclut pas une réelle empathie du réalisateur pour les laissés-pour-compte et pour les marginaux.

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thèmes mytho-légendaires du film

Anatole le Braz nous parle de ces chiens noirs que l’on doit, en Bretagne, conduire de paroisse en paroisse, jusqu’aux « entrailles vaseuses » des marais du Yeun Elez, pour qu’ils y soient projetés dans le Youdig, vers les profondeurs infernales. Une façon d’expulser les âmes damnées des réprouvés que la mort n’a pas pu apaiser et qui ne parviennent pas à s’arracher au monde des vivants.

L’ouverture du film convoque toute la symbolique associée au chien, à la fois allié fidèle et colporteur de funestes nouvelles, que certaines traditions n’hésitent pas à faire incarner le Diable. Mais ce chien, que Dupontel suit d’une caméra virtuose à travers le no man’s land des combats, criblé de trous d’obus, s’en va rejoindre les hommes tapis dans la tranchée. Loin d’être propulsé dans l’abîme et de dispenser une purification, c’est la détresse qu’il convoie : il est certes le messager de l’imminent armistice, mais la missive dont il est porteur est bien vite roulée en boule et escamotée. La suite nous prouvera que son apparition n’est rien d’autre qu’un sinistre présage de mort.

de la chair à canon

Et là, je suis mort.
Albert au fond du trou d’obus

Il se trouve que la terrible Hécate, l’une des plus anciennes divinités grecques, qui commandait aux démons tourmentant les humains, était associée aux chiens. Les Valkyries de la mythologie nordique, revêtues d’une armure, se faisaient, elles, accompagner de hordes de loups pour attiser les batailles, distribuant la mort avant d’emporter l’âme des héros au Walhalla. Nombre de déesses ont tout autant l’âme guerrière. Sans parler de la Mère-Patrie qui en appelle aux armes, la Morrigan irlandaise apparaît au cœur des combats et, la veille des batailles, lave le linceul de ceux qui vont mourir, tandis qu’en Inde Kali "la Noire" extermine les démons ; elle est représentée couverte de sang, portant une ceinture de bras coupés, arborant un long collier de crânes humains, et tenant une tête décapitée dans une main, une épée dans l'autre.

Les dieux guerriers - Arès, Mars, Thor, Indra, ou saint Michel… - semblent, quant à eux, moins portés à la folie meurtrière. Ils représentent la force offensive et c’est le droit qu’ils défendent. Associés à la foudre et frappant comme elle, ils se chargent d’arbitrer les discordes nécessaires pour protéger la société. La mythologie, comme la Bible, regorge de ces combats fondateurs qui se résolvent souvent en atroces carnages.

C’est par l’exercice de la violence que toute guerre est sacrée. Celle-ci constitue, à l’échelle des nations, un formidable sacrifice dont les innombrables victimes sont immolées sur l’autel de la, ou des patries. Il s’agirait d’un exutoire nécessaire, où l’ennemi joue le rôle du bouc émissaire, et grâce auquel est garanti le calme social. Les morts de part et d’autre deviennent dès lors, plus que de simples héros, des figures rituelles. René Girard souligne dans La Violence et le sacré l’ambivalence de leur rôle : « Il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée… mais la victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas. »

On peut dès lors s’interroger sur le personnage du sacrificateur et du sens de son rôle cérémoniel. Mais qu’en est-il du lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle ? Tapi dans l’ombre, on ne distingue d’abord de lui qu’un dos et le rougeoiement d’un cigare incandescent. Il représente de façon évidente le "côté obscur" du conflit, l’incarnation du Mal. Fort du pouvoir dont il est le dépositaire, il s’enivre de sa furie guerrière et attise les forces de destruction qui, loin de canaliser la violence, ne tardent pas à se déchaîner en un gigantesque chaos. Les hommes tombent inutilement, sont soufflés par les explosions, déchiquetés, mutilés, voire, pour Albert, enterré, donné pour mort, tandis que Pradelle ne se prive même pas du plaisir de les tuer froidement en leur tirant dans le dos.

Ici pas de divinité ni de héros national. En fait de manifestation surnaturelle ou de glorieux exploit, il s’agit bassement de monnayer la vie d’innocents contre de soi-disant "honneurs" et de l’avancement dans la hiérarchie sociale et pécuniaire d’un petit lieutenant va-t-en-guerre.

le retour des morts

N’entendez-vous pas, la nuit, dans le vent du nord, les millions de râles d’agonie vous crier : « J’accuse ! J’accuse ! J’accuse ! »
Abel Gance, J'accuse

On se souvient de l’impressionnante scène du film de Gance, où les trépassés se lèvent sur le champ de bataille et se mettent en marche en un « innombrable troupeau ». On peut aussi évoquer les morts qui, dans la fresque de Signorelli à Orvieto, s’extirpent péniblement de la terre au jour de la Résurrection. Alors qu’Albert se retrouve enseveli, dans l’obscurité tombale, il est sauvé par le geste secourable d’Édouard qui l’arrache à la terre ; mais, s’il survit, c’est avant tout grâce à l’intervention d’un cheval qui pourtant aurait dû lui indiquer la voie vers l’au-delà (n’est-ce pas le rôle que la tradition attribue à cet animal, dit "psychopompe" ?). Un cheval qui a déjà été immolé sur le champ de bataille. Pour rejoindre René Girard, on pourrait considérer celui-ci comme un cheval sacrificiel destiné à détourner la violence de la guerre en général, et en particulier celle de Pradelle qui agirait alors en tant que simulacre de sacrificateur. L’assimilation avec la victime se confirmera dans la suite par l’apparition de ce masque "commémoratif" de la tête de cheval, masque qu’Albert ne pourra pas s’empêcher de porter dans les moments difficiles.

Contrairement à tous ces corps que Pradelle fera par la suite extraire du sol afin de les ré-enterrer, le geste d’Édouard lui redonne la vie en lui prodiguant des soins qui sont autant ceux d’un initiateur rituel que d’un secouriste. Cette résurrection symbolique établit entre eux un lien spirituel indélébile qui contraindra Albert à une assistance et à une fidélité sans faille vis-à-vis de son sauveur. Une obligation perpétuelle qui ne tarde pas à être mise à l’épreuve, lorsqu’il lui faut accompagner Édouard dans des épreuves que la sœur n’hésite pas à assimiler à celles du Christ en croix, et surtout le faire lui aussi mourir afin de pouvoir le ressusciter sous une nouvelle identité.

Car, par-delà sa mutilation, Édouard connaît à son tour la mort physique. « Toute la journée, il restait à la même place. […] Albert voyait l’abattement de son camarade, ses yeux mouillés, qui étaient la seule chose vivante dans ce tableau désespérant, un regard éperdu qui exprimait une totale impuissance. » Il s’enferme dans la pénombre du taudis et son immobilité est telle qu’Albert prend peur, comme s’il se retrouvait en présence d’un spectre, d’une enveloppe vide, dépossédée de tout désir, de toute envie.

Qu’en est-il aussi de tous ces soldats en attente de démobilisation qui errent comme des âmes en peine, attendant désespérément le train qui les ramènera à la vie civile et au monde des vivants ? Délaissés par leurs fiancées, retrouveront-ils leur place dans la société ou en seront-ils réduits, comme Albert, à faire le groom dans un magasin ou l’homme-sandwich dans la rue ? Et il y a tout à craindre lorsque l’on voit réapparaître Pradelle, promu capitaine, en grand ordonnateur, véritable diabolus ex machina qui s’apprête à faire danser les autres à sa guise, comme voulait le faire le cynique personnage incarné par Jules Berry dans Le Crime de monsieur Lange de Jean Renoir.

le mois noir

Et attaquer le jour des Morts, en plus. On a beau ne pas trop s’attacher aux symboles…
Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut

Le moral de ce lendemain de guerre, avec ses gueules cassées et la perte des repères, n’est certes pas aussi joyeux que pourrait le suggérer une victoire. Il faut dire que l’on se trouve en novembre, lorsque les jours raccourcissent de façon sensible et que le froid et la grisaille s’installent : miz du, le "mois noir" des Bretons, en attendant décembre, miz kerzu, le "mois très noir". Parce que le déroulement de l’année, qu’explicite le calendrier des fêtes, est riche en symboles, ancrés sur la couleur des saisons…

Est-ce un hasard si la célébration de la fin de la Grande Guerre, le 11 novembre, est venue se greffer sur d’autres fêtes traditionnelles : le Samain du calendrier celtique, vers le 1er novembre, qui a donné naissance à Halloween, et le Jour des morts chrétien, le 2 novembre ? À l’image de la Toussaint qui honore les saints martyrs, le 11 novembre a été institué comme une journée d'hommage à tous les héros morts pour la France, et sa connotation est bien distincte de celle de la Victoire du 8 mai.

La tradition comme les films d’horreur évoquent ces morts qui reviennent se mêler aux vivants en ces nuits obscures : on les recevait volontiers autrefois, on leur gardait une place au chaud au coin de la cheminée, on leur laissait sur la table de quoi manger et boire. Ils se montrent aujourd’hui le plus souvent agressifs mais, ainsi que le montre un film comme Les Revenants, il subsiste toujours une certaine familiarité entre vivants et morts. Et, s’ils ne se manifestent pas d’eux-mêmes, on continue, telle Madeleine Péricourt en quête de la tombe d’Édouard, d’éprouver le besoin de leur attribuer un lieu où ils pourront reposer et où il sera possible d’aller les visiter.

Novembre 1919 : une chanson populaire (« Les uns s'en vont souper, faire la fête… ») nous annonce que les hommes ont regagné leurs foyers, et que la vie a repris à Paris. Albert s’est trouvé un logement au fond d’une cour, il y héberge un Édouard anémique, vaincu, qui ne tient que grâce à la morphine : « Maintenant qu’il était mort, forcément il ne pouvait plus rentrer chez lui. » Et, pour se procurer la drogue, Albert en est réduit à s’en prendre aux vétérans, aux mutilés. Comme quoi la guerre n’en finit pas. Ce que confirment les magouilles de Pradelle qui, avec l’accaparement des cimetières et son trafic de cercueils, continue de faire commerce de la vie des autres : on déterre, en enterre, et on recueille les fruits de la transaction... En attendant les combines d’Édouard qui décide lui aussi de tirer profit de sa spéculation sur les monuments aux morts.

« Le cimetière rappelait un champ de bataille », observe Pierre Lemaitre, et Pradelle souligne à quel point la boue des cimetières ressemble à celle des tranchées : une terre fangeuse certes, mais un champ fertile si l’on considère les profits qu’il peut générer. Novembre décidément nous rappelle combien vie et mort sont mêlées. L’enfouissement du grain en terre, son "enterrement" est un indispensable préliminaire à sa multiplication et à la survie de la communauté. Les fruits tombés à terre portent, dans leurs noyaux, le germe de la vie nouvelle, d’une vie qui se perpétue. En transformant les poilus en héros fondateurs, l’édification de sites commémoratifs a engendré une mythologie et un culte destinés à garantir la cohésion sociale. Édouard et Albert de leur côté font fructifier à leur manière ce devoir de mémoire, source pour eux d’abondance. Et on peut voir dans l’apparition de Madeleine dans leur cour comme l’intervention providentielle d’une bonne fée, pas vraiment idéalisée, qui apporte la solution pour financer leur catalogue et accéder ainsi à la richesse.

Elle commence d’ailleurs par inviter Albert à pénétrer dans son château enchanté, hanté par les photos de tous les ancêtres, où rôde l’ombre de Pradelle dans le rôle de la Bête dont l’automobile a tout d’un dragon, alors que Pauline y serait la Belle. L’accès s’en fait par une porte monumentale devant laquelle roule une calèche, et l’on s’y retrouve, seul, en quelque sorte traqué, dans un décor merveilleux et écrasant, riche en tentations (Albert prend un cigare) et parcouru de voix et de bruits inquiétants.

le temps du carnaval

Alors les âmes, empruntant la voie de l’au-delà, errent sur terre.
Claude Gaignebet, Le Carnaval

Il convient au sortir de l’hiver de secouer toutes les peurs et turpitudes accumulées dans la noirceur des jours passés. Telle est la fonction du Carnaval dans la tradition populaire. Peut-on pour autant effacer d’un coup de chiffon toutes les horreurs vécues dans les tranchées ? En fait les démons, qui avaient fait irruption en novembre, se déchaînent à nouveau au moment du Carnaval, mais cette fois-ci plus joyeusement. Il faut noter que, déjà au temps du deuil, les funérailles, veillées funèbres ou cérémonies du souvenir étaient ou sont encore une occasion de se réunir et festoyer entre parents, amis et voisins, et qu’en bien des pays on se retrouve sur les tombes pour y ripailler et s’enivrer.

C’est le "grand chambardement", le temps de la mascarade. On n’hésite pas à enfreindre la morale, et tous les personnages du film, d’Albert à Péricourt, et de Pradelle à Édouard, s’en donnent à cœur joie en faisant fi des règles sociales. La mort, elle-même, devient sujet de travestissement, tandis que l’outrance des situations ne peut empêcher le comique d’émerger. Pradelle éclate de rire lorsque l’on découvre qu’Édouard, dans la tombe, s’est transformé en tirailleur sénégalais… Tout s’emballe. Ce seront bientôt, en France, les Années folles…

Car, après Halloween, le Carnaval est un autre moment où les morts ont coutume de se mêler aux vivants. Claude Gaignebet y voit le "renversement du temps". Non réconcilié avec son passé, Édouard rejette ses attaches familiales et choisit de rester dans un entre-deux, à la limite de l’existence, ni vivant ni mort. Et, à la façon de ces trépassés qui quittent le ténébreux pays de l’oubli pour venir nous visiter à cette occasion, il doit se dissimuler derrière un masque.

C’est effectivement pour lui un véritable renouveau lorsqu’il entreprend de créer ses masques. Après la lugubre exposition par le médecin d’un échantillon de gueules cassées, on assiste à une étonnante éclosion de masques colorés qui lui rendent toute sa beauté et illuminent la tanière sombre et exiguë où il est relégué.

Il revit en mettant son premier masque, et c’est à cette occasion qu’il se lance dans la farcesque aventure des monuments aux morts (une sorte de façon de se rendre un hommage à lui-même…). En arborant un masque constitué de billets de banque collés en tous sens, « comme des volutes de pognon », il affiche une prodigalité toute carnavalesque : la fortune qu’il amasse n’est pour lui qu’un sujet de rigolade, un jeu suprême, un défi lancé à la société, et non une finalité ni une réponse à certains besoins. Il entend tout flamber avec panache, sans se préoccuper le moins du monde d’aller faire fructifier sa fortune sous d’autres cieux.

Les travestissements bien sûr accompagnent les masques : tout en incarnant Monsieur tout le monde, l’ancien poilu Albert se déguise en groom au Bon Marché ou en homme-sandwich, en attendant de pouvoir exhiber de "beaux" vêtements pour répondre à l’invitation de Madeleine, et surtout pour plaire à Pauline dans son complet-veston de "canari". Édouard, lui,se rend pour ainsi dire invisible en se substituant à Eugène Larivière, dont les états de service dans les registres sont tout aussi inexistants que ceux de Joseph Merlin. Pradelle, souverainement abject, est tout aussi caricatural que ce dernier ou que le benêt maire du 8ème arrondissement.

Et, derrière la mascarade, il y a Louise qui nous rappelle que, dans les contes, la clairvoyance et l’innocence ont souvent visage d’enfant. C’est la consolatrice, la seule qui voit Édouard et le regarde tel qu’il est, celle qui le comprend..

danse macabre

Dis donc, ça va être un sacré 14 juillet !
Madeleine

Est-ce encore le Carnaval qui se déchaîne au Lutetia ? Dans cette séquence joyeusement imaginée par Dupontel, le délire tourne au jeu de massacre. On pourrait y voir le sacrifice du bonhomme Carnaval : l’exécution aux bouchons de champagne des victimes expiatoires qui met un terme à tous les excès qui ont pu se donner libre cours les mois précédents. C’est en même temps pour le réalisateur l’apothéose de sa mise en scène dont la virtuosité exprime son sens du baroque et un vrai plaisir de tourner.

On a pu assister à la surenchère dans la corruption, l’arnaque s’opposant à l’arnaque, au point de se demander qui possède l’autre. C’est maintenant l’effondrement du château de cartes, la chute des uns entraînant celle des autres. Lorsque Pradelle se met à danser sur les tombes en faisant valser les corps et les cercueils, le cœur n’est plus vraiment à la fête.

On entre dans l’été, le Carnaval est bien fini. Les fruits sont mûrs, ils ne vont pas tarder à tomber. Pradelle chute de toute la hauteur de sa morgue. Il est « mort. Vous entendez, mort », comme le lui assène Péricourt, ce que confirme Dupontel en se souvenant de l’ensevelissement d’Albert au début du film pour l’enterrer lui aussi. Mais il aura entretemps pu faire à Madeleine un "beau bébé", tandis qu’avant de se jeter dans le vide, Édouard renoue les liens avec son père et qu’Albert s’en va aux colonies pour y fonder une famille.

le réveil des morts

surpopulation

L'humanité se compose de plus de morts que de vivants…
Auguste Comte, Des robots et des hommes

Auguste Comte parlait d’évidence, et cette statistique ne cesse, année après année, d’augmenter. Inévitablement, le flot de nos défunts ne peut à terme que submerger notre présent, à tel point qu’il faut régulièrement expulser certains locataires des cimetières afin de faire de la place aux nouveaux arrivants. Tous ceux qui nous ont précédés - les ancêtres qui ont tissé notre histoire personnelle comme les grandes figures de l’Histoire - s’incrustent dans une mémoire collective qui, elle aussi, doit en appeler à l’oubli pour ne pas se trouver saturée.

Nécropole nationale de Sarrebourg
Sans parler de la multitude des petits drames individuels et des guerres ordinaires, les hécatombes, de la Peste noire à la Shoah, n’ont pas manqué pour apporter leur contribution à ce redoutable décompte. On peut juste rêver du jour de la Résurrection des morts, au moment du Jugement dernier : ne risque-t-on pas de se retrouver bien serrés sur notre petite planète, comme dans le métro aux heures de pointe… ?

La question se pose effectivement : que deviennent-ils tous ceux qui nous quittent ? On peut bien voir leurs corps se décomposer, partir en poussière, mais comment ceux que l’on côtoyait, avec qui on faisait bonne chère, qui nous étaient chers, comment peuvent-ils ainsi disparaître, se volatiliser ?

Gustave Doré, L'Enfer, illustration pour le chant XIV de La Divine Comédie de Dante Alighieri

Il faut assurément croire qu’il en subsiste quelque chose : l’esprit, l’âme. D’où la nécessité d’inventer des Enfers, et un Paradis, jusqu’à ce que l’on conçoive ce lieu d’attente où la vie est comme en suspens : le Purgatoire. Des contrées qu’ont pu visiter certains privilégiés comme Ulysse, Énée ou Orphée, Dante, Milton, ou William Blake... Des contrées aussi d’où peut-être certains défunts aimeraient bien pouvoir resurgir… Eurydice n’a malheureusement pas réussi à revenir à la lumière du jour, mais bien des figures mythologiques sont réputées y être arrivées, et les traditions populaires, tout autant que les films d’horreur, regorgent de cas de personnes décédées qui parviennent à remonter et à se mêler à la vie des vivants. Ne serait-ce pas d’ailleurs aussi le cas du héros de Au revoir là-haut qui, hissé au-dessus de son trou d’obus, revient "là-haut" hanter notre monde d’"ici-bas" (alors que la citation qui justifie le titre du roman évoque plutôt un rendez-vous au Ciel, vraiment "là-haut").

la grande farandole

La lande entière s’était mise à bouger, comme si une force enfouie l’eût partout travaillée. On voyait s’enfler des monticules et se creuser des ravines, d’un grand mouvement de vagues. On sentait un grouillement à fleur de terre ; quelque chose, là-dessous, voulait vivre. Les morts voulaient se relever.
Roland Dorgelès, Le Réveil des morts

Comment alors ne pas craindre que les espaces de l’au-delà ne se mettent un jour à déborder et que l’on n’assiste à un déferlement de migrants revenus de l’autre monde pour tenter de retrouver leur place parmi nous. Alors que la perspective du retour de tous ces morts-vivants angoisse (ou amuse ?) un George Romero, leur juste motivation est peut-être simplement de demander des comptes à ceux qui les auraient oubliés et négligés, ou bien à ceux qui leur auraient porté préjudice du temps de leur vivant.

Photogramme du film Coco
Ils ont peut-être aussi envie de venir se distraire un peu en notre compagnie à l’occasion du Carnaval ou de la Fête des morts, comme la mariée de Noces funèbres ou les joyeux drilles de Coco. Il semble pourtant que, dans tous les cas, comme le conclut Abel Gance à la fin de son J’accuse, il faut savoir ne pas les retenir : « Ne leur faites pas de peine en les appelant, laissez-les partir… »

Reste la peur qu’ils ne manquent pas de susciter. James Frazer évoque cette "Crainte des morts" « qui a hanté le cerveau de l’homme primitif depuis un temps immémorial et dans le monde entier, de l’équateur au pôle ». Cela commence par l’effroi que l’on éprouve à la simple vue d’un cadavre, de ce corps inanimé que l’on doit se garder d’inhumer trop vite, au cas où l’âme tarderait à le quitter. On connaît le cas, en Haïti, de ces zombis auxquels le sorcier fait subir une mort apparente, que l’on enterre symboliquement avant d’être réanimés sans pourtant qu’ils puissent retrouver leur libre arbitre.

Une mort anormale, qu’elle soit accidentelle et non prévisible, ou que le corps n’ait pas été retrouvé (en cas de noyade par exemple), est toujours susceptible de motiver le retour de la personne décédée. Il est de la plus haute importance que soient parfaitement respectés les rites funéraires destinés à faciliter le passage du défunt vers l’au-delà, afin de s’assurer qu’il n’a pas manqué son départ. Sa nouvelle situation doit être entérinée par la société. Jean-Claude Schmitt rappelle que, sinon, « un tel mort était, au sens propre, un revenant, car il revenait troubler les rêves de ses parents, aiguiser leurs remords et leur culpabilité et même les menacer. »

Bien des coutumes manifestent le souci de se débarrasser de ces morts encombrants ou menaçants qui, insatisfaits de leur vie passée, pourraient nourrir rancunes et griefs contre ceux qui leur survivent. Ressassant leurs souvenirs, ces âmes en peine seraient condamnées à vagabonder sans fin tout en tracassant leurs proches. On peut par précaution, suite au décès, ouvrir portes et fenêtres, enlever une tuile du toit ou faire un trou dans les murs pour que l’âme puisse partir, et appeler le mort à l’extérieur pour le faire sortir, ou bien, au contraire, ne plus prononcer son nom de peur qu’il ne se sente pas appelé.

On cherche également à dérouter son esprit en le faisant sortir de la maison par une issue inhabituelle, éventuellement percée à cette occasion et rebouchée ensuite, et en empruntant ensuite un trajet inhabituel afin qu’il ne retrouve plus son chemin. On change les meubles de place chez lui pour qu’il ne s’y retrouve pas. On brûle son lit, voire on incendie la maison ou, pour les Tziganes, la roulotte où il est décédé. Les lourdes dalles posées sur sa tombe, enfin, sont là pour l’empêcher d’en ressortir. Et ce n’est pas que dans les films de vampires qu’en Roumanie on transperce le corps de certains morts avec un pieu afin qu’ils ne reviennent pas hanter la communauté.

Une solution plus radicale consistait même à décapiter les cadavres pour empêcher l’âme de revenir dans le corps. La légende celte parle de Bran qui, blessé, demande qu’on lui coupe la tête pour que ses partisans l’emportent avec eux. Ils la conservent ainsi pendant 87 ans, continuant à parler avec elle, et festoyant en sa compagnie, jusqu’au jour où l’esprit du héros s’échappe enfin vers les îles des Bienheureux. La tête enterrée se met alors à pourrir, mais elle n’en reste pas moins un puissant talisman.

mémorial

Rien qu’en se disant leur nom, il croyait les défendre, les arracher à l’horrible néant. Oui, s’en souvenir sans tristesse, comme s’ils étaient encore vivants et qu’on dût, le soir, arrivant au repos, retrouver leur sourire à l’entrée de la grange. Ils ne meurent pas tant qu’on les aime…
Roland Dorgelès, Le Réveil des morts

Jules Desbois, monument aux morts d’Angers
Les guerres d’antan ne célébraient que les grands hommes. Ils ne faisaient guère de cas du sort des simples soldats tombés sur le champ de bataille. Ceux-ci avaient été engagés d’office, on les enterrait anonymement quand on ne les abandonnait pas tout simplement. Ce n’est pour ainsi dire qu’au terme de la Grande Guerre que l’on s’est préoccupé d’identifier les corps et de reconnaître ceux que l’on ensevelissait. Dès lors des hommages personnalisés pouvaient leur être rendus, fut-ce au "soldat inconnu", par leurs proches ou par la collectivité. Des monuments leur furent consacrés dans chaque commune ou église. Leurs noms, à tout le moins furent gravés dans la pierre. Des cérémonies continuèrent de les honorer et de préserver leur mémoire. Un véritable culte à la Patrie était institué, avec ses martyrs, ses héros sacrifiés, ses officiants, ses pietà et ses anges de la Victoire...

Le Taj Mahal, tombeau de Mumtaz Mahal, à Agra (Inde)

Dès le paléolithique, l’Homme s’est distingué en enterrant ses morts. Mais ce n’est que lorsqu’il s’est sédentarisé qu’il a entrepris de leur consacrer des monuments pour perpétuer leur souvenir : dolmens, tumuli, cairns, en attendant les mastabas, pyramides, mausolées, humbles tombes ou prestigieux tombeaux… Il put ainsi entretenir, tout en leur consacrant des rites commémoratifs, la mémoire de ses défunts. On n’a pas cessé depuis de les célébrer et de venir se recueillir auprès de leurs ultimes demeures. Des photos aujourd’hui peuvent y remémorer leurs visages, à la façon des masques funéraires de l’Antiquité ou des gisants du Moyen Âge. Édouard ne répète-t-il pas un tel rituel en revêtant, à la fin du film, avant de se jeter dans le vide, ce masque à l’image de ce qu’il avait été, lequel perpétuera, à l’intention de son père qui aurait voulu l’oublier, sa mémoire ?

On sait que, comme le disait saint Augustin, « les morts ne sont vraiment morts que lorsqu'il n'y a plus personne pour penser à eux ». C’est aussi ce que nous rappelle, à propos de la Fête des Morts au Mexique, le film Coco : les proches des défunts se rendent dans les cimetières pour y manger sur les tombes en chantant et en dansant. Les morts ne sont alors autorisés à les rejoindre pour faire la fête avec eux que si l’on a conservé sur l’autel familial une photo d’eux ; ils disparaissent par contre définitivement à partir du moment où personne ne se souvient plus d’eux.

Il semble donc important de maintenir une certaine intimité avec ceux qui sont partis. Certes la société préfère souvent, comme à Rome où les cimetières étaient impérativement rejetés hors les murs, éloigner ses morts. Il est aussi coutumier de les faire reposer au cœur de la communauté, dans l’église paroissiale, ou autour de celle-ci. Certains préfèrent même maintenir leurs défunts à domicile, dans le cercle familial : les enterrer dans le jardin, ou bien déposer leurs cendres sur la cheminée en cas de crémation. L’autre solution consiste à remplacer la présence physique par le souvenir, en quelque sorte les désincarner. C’est au sein même du foyer que les Romains adressaient leurs dévotions aux Mânes représentant les ancêtres, en leur offrant fleurs et aliments. L’usage de consacrer, au cœur de la maison, des autels à ses parents défunts se retrouve en de nombreux pays à travers le monde ; ils sont l’objet d’une dévotion quotidienne dont témoignent nombre de films japonais comme Notre petite sœur.

En allant plus loin, certains peuvent entretenir le rêve de pouvoir poursuivre leur relation avec leurs défunts en repoussant médicalement les limites de la mort, ou bien en faisant tourner les tables, en continuant de faire vivre leur page Facebook ou, bientôt, en modélisant sur un programme informatique leurs voix, pensées et façons de s’exprimer afin de continuer à "chatter" avec eux, ou du moins avec leur double virtuel.

LE COMMERCE DES MORTS

Bouzier paie six francs pour ouvrir une fosse, dix francs pour creuser la nouvelle, ajoutez encore quatre francs pour l’exhumation, le chef de chantier et les camions, tout le reste est du bénéfice, plus de trente francs par corps…
Roland Dorgelès, Le Réveil des morts

On n’a pas attendu les lendemains de la Grande Guerre pour tirer profit des dépouilles de "nos héros". Sans parler des pilleurs de tombes, mausolées et pyramides, la mort des uns a toujours fait le bonheur des autres. À commencer par les héritiers, réels ou fallacieux. Pierre Lemaitre est certainement un excellent observateur de ce genre de spéculation…

Photogramme du film Notre petite soeur de Hirokazu Kore-eda
Les guerres d’antan ne célébraient que les grands hommes. Ils ne faisaient guère de cas du sort des simples soldats tombés sur le champ de bataille. Ceux-ci avaient été engagés d’office, on les enterrait anonymement quand on ne les abandonnait pas tout simplement. Ce n’est pour ainsi dire qu’au terme de la Grande Guerre que l’on s’est préoccupé d’identifier les corps et de reconnaître ceux que l’on ensevelissait. Dès lors des hommages personnalisés pouvaient leur être rendus, fut-ce au "soldat inconnu", par leurs proches ou par la collectivité. Des monuments leur furent consacrés dans chaque commune ou église. Leurs noms, à tout le moins furent gravés dans la pierre. Des cérémonies continuèrent de les honorer et de préserver leur mémoire. Un véritable culte à la Patrie était institué, avec ses martyrs, ses héros sacrifiés, ses officiants, ses pietà et ses anges de la Victoire...

Dent de John Lennon vendue en 2011, dans une vente aux enchères, pour 19 500 livres

On sait à quel prix se négocient les objets ayant appartenu à des stars, mais rien ne vaut le trafic des authentiques restes corporels de personnes révérées, comme on le pratiqua à grande échelle au Moyen Âge avec les reliques des saints. Considérées comme des talismans, elles apportaient toutes sortes de bienfaits (guérisons miraculeuses, indulgences, réussite…) aux fidèles qui venaient les honorer. Elles permettaient d’identifier les communautés en garantissant leur sécurité et leur prospérité, et étaient une source de prestige et de richesse pour les abbayes, églises et lieux de pèlerinage vers lesquels affluaient les dévots et leurs offrandes. Elles se substituaient en même temps, en célébrant le corps d’hommes remarquables, à l’ancien culte des héros du paganisme.

C’est ainsi que, en dépit des injonctions de l’Eglise qui entendait les contrôler, se multiplièrent les ventes, acquisitions, trocs, transferts… de ces précieuses reliques, dont les catacombes de Rome s’avérèrent d’inépuisables pourvoyeuses. Mais la manière la plus sûre de se procurer une relique de valeur restait de s’en emparer par ruse ou par violence : on ne risquait pas en ce cas de se faire berner par un faussaire ou par un vendeur disposé à se séparer d’un article de moindre vertu. Plus que toléré, le vol en ce cas était revendiqué : c’était la meilleure façon d’accréditer son authenticité et, de toute façon, cela ne pouvait se faire qu’avec l’accord tacite du saint. Sinon, avec tout le pouvoir dont il disposait, il n’aurait pas manqué de s’opposer au fait d’être déplacé vers un nouveau lieu de dévotion…

Mais, dans tous les cas, l’efficacité prime sur l’authenticité, comme le montre cette parabole édifiante venue d’Orient : un commerçant se rend sur les lieux saints et sa mère lui demande de lui rapporter une relique du Bouddha. L’homme négocie tant et si bien qu’il oublie sa promesse. Il ne s’en souvient que sur le chemin du retour. Découvrant alors le cadavre d’un chien, il lui arrache une dent et, l’ayant soigneusement parée, la rapporte en la présentant comme une vraie relique. Sa mère la dispose dévotement sur son autel et « le plus remarquable est que cette dent de chien fut une source de bienfait pour un grand nombre de gens et pour la vieille femme qui mourut nimbée d’un arc-en-ciel lumineux tandis que tombait une pluie de fleurs céleste », comme nous le rapporte le lama tibétain Kalou Rinpoché.

Livres

. Claude GAIGNEBET, Le Carnaval, Payot, 1974
. Anatole LE BRAZ, La légende de la mort chez les Bretons armoricains, Honoré Champion, 1902
. Archives départementales du Maine-et-Loire, Mémoires de pierre, 2018
. Roland DORGELÈS, Le Réveil des morts , 1923
. Jean-Claude SCHMITT, À réveiller les morts, Presses Universitaires de Lyon, 1993
. Claude LECOUTEUX, Fantômes et revenants au moyen âge, Imago, 1986
. Jean-Pierre MOHEN, Les Rites de l'au-delà, Odile Jacob, 1995

FILMS

. Abel Gance , J'accuse, 1919
. Giulio RICCIARELLI, Le Labyrinthe du silence, 2015
. Rithy PANH, L'Image manquante, 2013
. Stanley KUBRICK, Les Sentiers de la gloire, 1957
. François OZON, Frantz, 2016
. Lee UNKRICH et Adrian MOLINA, Coco, 2017
. Alejandro AMENABAR, Les Autres, 2001
. Kiyoshi KUROSAWA, Vers l'autre rive, 2015
. Robin CAMPILLO, Les Revenants, 2004
. Tim BURTON, Les Noces funèbres, 2004
. Hirokazu KORE-EDA, Still walking, 2008



 

Programme 2019-20

 

au revoir là-haut

France, 2017 - 117 minutes - couleurs

Réalisation : Albert Dupontel
Scénario : Albert Dupontel, d'après le roman de Pierre Lemaître
Image : Vincent Mathias
Musique : Christophe Julien
Interprètes : Nahuel Perez Biscayart (Edouard Péricourt), Albert Dupontel (Albert Maillard), Laurent Lafitte (Lieutenant Pradelle), Niels Arestrup (Marcel Péricourt), Emilie Dequenne (Madeleine Péricourt), Mélanie Thierry (Pauline), Philippe Uchan (Labourdin)

SUJET
En novembre 1920, au Maroc, Albert Maillard est interrogé par un officier de l'armée française. Il raconte comment, dans les tranchées, à la veille de l’Armistice, il a été entraîné dans un assaut inutile par un lieutenant vaniteux, Henri d'Aulnay-Pradelle. Il frôle alors la mort et est sauvé par un fils de bonne famille, Édouard Péricourt, dessinateur de génie, lequel est, du même coup, touché au visage et défiguré.

Revenu à la vie civile, Édouard refuse de renouer avec sa famille et se laisse dépérir. Albert prend soin de lui. C’est alors que germe pour eux l'idée de monter une arnaque aux monuments aux morts.