La nuit la plus longue
Les portes de la nuit de Marcel Carné et Jacques Pré
vert.
Cinéma 400 coups, 12, rue Claveau, Angers, tél. : 02 41 88 70 95.
Tarifs habituels aux 400 coups : 7 €, réduit 5,80 €, carnets 4,90 € ou 4,30 - Groupe sur réservation auprès des 400 Coups (gratuité pour les accompagnateurs) 4,30 € le mardi soir, 3,60 € le matin (du mercredi 12 au mardi 18 décembre et le lundi après midi).
L'ogre du conte dans la tragédie contemporaine
de Lorine Grimaud-Bost.
La nuit dans les traditions porpulaires : démons et merveilles de Philippe Parrain.
Espace Welcome, derrière la poste centrale, entrée par Salons Curnonsky 6, place M.Sailland, Angers.
Participation aux frais : 2,10 €
Les portes de la nuit de Marcel Carné et Jacques Prévert suivi d'un débat. Présentation par Cinélé
gende et Jean-Pierre Bleys.
Cinéma 400 coups, 12, rue Claveau, Angers, tél. : 02 41 88 70 95.
Tarifs habituels aux 400 coups : 7 €, réduit 5,80 €, carnets 4,90 € ou 4,30 - Groupe sur réservation auprès des 400 Coups (gratuité pour les accompagnateurs) 4,30 € le mardi soir, 3,60 € le matin (du mercredi 12 au mardi 18 décembre et le lundi après midi).
télécharger le livret au format PDFLa plupart des gens ne se doutent pas de tout ce qui peut se passer entre la moitié de la nuit et le commencement du jour.
Commentaire
Trente ans déjà que Prévert a franchi les portes de la nuit, balayé avec ces feuilles mortes que "le vent du nord emporte dans la nuit froide de l'oubli" . Il nous a légué, entre autres, ce film réalisé par Marcel Carné : un film injustement décrié, à (re)découvrir, avec la musique de Kosma et une brochette d'acteurs qui campent des personnages hauts en couleurs. Même si l'on peut regretter l'absence de Jean Gabin et de Marlène Dietrich pour lesquels il avait été initialement écrit, ce film distille une grande émotion : il brille comme un petit joyau dans la nuit de l'après-guerre. A la fois intemporel et ancré dans le contexte social et politique de l'époque, il constitue un parfait exemple de ce que l'on a appelé le "réalisme poétique", honni par la Nouvelle Vague mais revisité depuis par bien des réalisateurs, à commencer par Jacques Demy
Thèmes mytho-légendaires
O Seigneur ! Ouvrez-moi les portes de la nuit, Afin que je m'en aille et que je disparaisse !
Victor Hugo, Les Contemplations (Veni, vidi, vixi)
La nuit, comme le cinéma, est souvent associée à la marginalité, à ce qui échappe à l'évidente normalité du jour, à ceux dont la vie se déploie à l'abri de l'ombre...
L'oeuvre de Marcel Carné est hantée par ces heures indécises où la nuit enveloppe le monde et que les films, après les contes et les légendes, livrent aux fantômes, vampires, loups-garous et autres morts-vivants. Il n'est que de citer quelques titres : Les Visiteurs du soir, Quai des brumes, Le Jour se lève ...
L'action ici est située, non seulement au creux de la nuit, mais aussi en février, au creux de l'hiver, de la saison obscure : ces périodes que, selon César, les Gaulois valorisaient en se prétendant nés du dieu de la mort.
Février ? Mais il y a aussi ces feuilles mortes que l'on ramasse à la pelle : quoiqu'il en soit, cette nuit, qui semble si longue, se situe dans la saison froide, à proximité du solstice ? Et ces portes de la nuit ne sont-elles pas des portes de l'année, lorsque le temps s'inverse ? Une nuit de la Saint-Jean (d'hiver), puisque Diego justement se prénomme Jean, et que le film fait référence à l'autre Saint-Jean, l'autre porte de l'année : c'est à la fin juin que Raymond aurait été tué, pas loin du "jour le plus long".
Janus aussi, le maître des portes, était fêté en cette période, tout comme les saints Innocents, lorsque c'étaient les enfants ("les enfants qui s'aiment" de la chanson) qui, tels Cri-Cri, présidaient aux cérémonies.
Le solstice d'hiver est porteur d'angoisse : le soleil brillera-t-il à nouveau, va-t-on échapper à l'emprise des ténèbres ? Le souvenir des temps sombres pèse sur le film, mais au terme, le jour se lève.
"Quelle histoire !"
Finalement nul ne trouve le sommeil jusqu'au bout de cette longue nuit. Comme autrefois, dans les chaumières, lorsque l'on veillait en se racontant des histoires et en se réchauffant un peu, entre soi. C'est un peu sur la cristallisation de tous les rêves et de toutes les peurs qu'ouvrent Les Portes de la nuit .
Une nuit enchantée, une nuit pas comme les autres, où tout s'inverse, où les destins basculent : "ce triste hiver qui a suivi le merveilleux été de la libération de Paris" , qui voit les morts revenir à la vie et les souvenirs oubliés refaire surface. Avant de s'évanouir à nouveau, Malou apparaît derrière une vitre, puis dans le reflet d'un miroir parmi un peuple de statues : elle est indubitablement un être de l'autre monde, une émanation de l'au-delà.
Ce temps a toujours été en effet celui où les frontières s'effacent, où les âmes circulent de part et d'autre ; tous les personnages semblent en cette nuit conviés à un étrange rendez-vous : les êtres du jour errent dans la nuit, tandis que des êtres de la nuit émergent au jour ; ils se croisent, se cherchent et se perdent au pied de cette station de métro qui, par inversion, devient aérien.
Il s'agit d'un lieu et d'un moment entre parenthèses : Diego y descend au début du film et en remonte, meurtri, une fois l'histoire nouée. Les portes de la nuit s'ouvrent alors que celles du métro se referment comme sur l'intimité nocturne d'un quartier refermé sur lui-même, sur ses fantasmes et ses fantômes. D'autres portes s'ouvrent au coeur de cette nuit terrible, celles du monde merveilleux où nous entraîne l'enfant, où les statues sont sur le point de prendre la parole et où les yeux se remplissent de rêve : cela devient alors la nuit enchantée des contes de Noël.
"Je vais, je viens, c'est tout."
Le personnage du Destin prend l'allure d'un revenant, de ceux qui hantaient les campagnes hivernales errant de maison en maison. Sa main est glacée. Mais par delà son aspect funèbre, il en appelle aussi aux horizons lointains, aux îles du bout du monde, comme celles qui hantent l'imaginaire celtique. Il apparaît comme une sorte de saint Nicolas associé à son compère Fouettard, autrement dit l'ancien dieu Wotan. N'est-ce pas lui finalement, le "dieu de la mort", qui parcourt la nuit, distribuant tour à tour bonheurs et malheurs ?
Il impose à Diego ce passage par la nuit, il guide sûrement les pas de chacun, et notamment ceux de Malou, qui croit pourtant ne pas avoir de but ; à la façon des violoneux diaboliques de la légende, il entraîne de force les personnages dans cette danse nocturne qui ne prendra fin qu'avec l'aube (le film n'était-il pas à l'origine l'adaptation d'un ballet ?) ; il anime dans un même mouvement en noir et blanc anges et démons, bons et méchants. Et lorsque le drame se noue, il devient Hellequin, l'inexorable maître de la chasse sauvage, qui hurle dans la nuit avec la clameur des trains.
"Les beaux jours vont revenir ... Et nous serons heureux."
L'aurore - non pas marquée par le chant du coq, mais suggérée par la femme de ménage qui lessive le sol de l'hôpital - marque la fin des enchantements. Le rêve est brisé, mais c'est forcément en même temps une renaissance, un douloureux accouchement, comme semblent le suggérer les cent pas faits dans le couloir... La vie reprend, la foule envahit les marches du métro, et le jeune couple respire l'espoir.
Les sortilèges de la nuit
Des fantômes d'une étrange pâ
leur apparurent à l'entré
e de la nuit. Ovide
La Nuit, Nyx, déesse des ténèbres, est la plus ancienne des divinités grecques. Elle est pour Hésiode la mère des dieux, et c'est elle qui engendra, seule, l'inflexible Destin, ainsi que la Mort, le Sommeil ou l'immense cohorte des Songes.
En Egypte, Nout au corps étoilé avale chaque soir le soleil qui la traverse de part en part avant de renaître au matin. Elle est également la déesse de la mort.
De tous temps le franchissement de la nuit a interpellé l'homme qui perd ses repères dans l'incertitude du retour de la lumière. Toujours la nuit a abrité dans ses obscurs replis les pires menaces, inspirant à la fois frayeur et fascination. C'est par excellence le temps de tous les possibles.
C'é
tait pendant l'horreur d'une profonde nuit ... Racine
On entend, en Bretagne, passer la charrette de l'Ankou qui entraîne les âmes des morts vers l'au-delà ; on rencontre les lavandières de nuit blanchissant dans la rivière de funèbres draps, et les nains exposent leurs trésors à la lumière de la lune. Les loups-garous battent la campagne, tandis que la chasse Hennequin traverse le ciel dans un fracas de galopades et d'aboiements. Les fantômes hantent les ruines des châteaux, les esprits guettent aux carrefours, les vampires rôdent autour des tombes, les dames blanches patientent au bord des routes, les sorcières s'envolent pour le sabbat, et les rêves enfantent diables, incubes et succubes ...
La nuit vint, et il s'éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n'entendre de tous côtés que des hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n'osaient presque se parler ni tourner la tê
te. Charles Perrault, Le petit Poucet
Dans l'obscurité, les taillis s'animent d'une vie étrange, des ombres indécises glissent dans la campagne, des bruits suspects agacent l'oreille, tandis que de petits êtres s'affairent dans les écuries, greniers et cuisines. Et même s'ils se montrent le plus souvent serviables, les lutins peuvent jouer des tours, malicieux ou franchement méchants. Françoise Morvan relève qu'ils ne peuvent exercer leur pouvoir de faire le mal "pour tourmenter les hommes que les heures impaires de la nuit, depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever".
Voici l'heure de la nuit
Où les tombes, toutes larges béantes,
Laissent chacune échapper leur spectre.
Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été
Ce sont les heures périlleuses où les morts et les démons, qui se tiennent prudemment cachés dans la lumière du jour, se lèvent et se révèlent, menaçants ou pourvoyeurs, pouvant se montrer à la fois agressifs, suppliants et bienveillants.
Si la nuit est lourde de menaces, elle sait aussi se montrer protectrice, et elle est chargée de merveilles.
Ceux qui assistent et participent à la danse nocturne des korrigans ou des fées peuvent se voir gratifiés d'un don, à condition toutefois de se montrer très prudents.
C'est à la nuit également que Raymondin fait la rencontre providentielle de Mélusine : "A minuit, il atteignit une fontaine, nommée "la Fontaine de Soif". Certains l'appellent "la Fontaine aux fées", parce qu'elle avait été jadis le théâtre de nombreuses aventures étranges et qu'il en arrivait encore chaque jour (...) La lune brillait dans toute sa clarté ...".
Entre toutes les nuits, il en est deux qui sont particulièrement magiques, toutes deux proches des solstices, lorsque le temps s'arrête et que le soleil inverse son mouvement : la nuit de la St-Jean (-Baptiste) qui célèbre le feu et la lumière au moment où celle-ci commence à régresser ; et, plus redoutable bien qu'elle annonce le retour du soleil, celle de Noël, avant-veille de la St-Jean (-Evangéliste).
Les deux Saint-Jean partagent l'an,
un jour bien court, l'autre bien long.
Dicton populaire.
En effet cette nuit - la plus longue – n'est pas seulement une fête de la joie et de l'espoir. Elle porte en elle toute l'angoisse de ces soirées interminables, froides, ténèbreuses qui font craindre qu'elles s'éternisent. Et il se pourrait bien que le Père Noël soit en fait un ogre, de même que le Père Fouettard se confond avec le bon saint Nicolas.
Ce passage périlleux, cette porte de l'année est en même temps une porte de la mort, celle qui laisse passer les êtres de l'autre monde : on gardait le soir de Noël une part à table à l'intention des défunts. Anatole Le Braz évoque ces défilés mystérieux - "muettes processions d'âmes" - à la tête desquels marche le fantôme d'un vieux prêtre, suivi d'un enfant de chœur qui agite une clochette de laquelle il ne sort aucun son. Chaque mort tient un cierge allumé dont la flamme ne vacille même pas au vent ...
Cette nuit réserve encore bien des merveilles : la terre s'entrouvre le temps des douze coups de minuits pour révéler des trésors enfouis, les grosses pierres tournent sur elles-mêmes ou vont se désaltérer à la rivière, les abeilles chantent, les plantes fleurissent à minuit, et les animaux dans l'étable bavardent entre eux, même s'il n'est pas toujours bon d'être témoin de ces phénomènes.
Pendant la messe de minuit, les bêtes parlent, et le métayer doit s'abstenir d'entendre leur conversation. Un jour, le père Casseriot, qui était faible à l'endroit de la curiosité, ne put se tenir d'écouter ce que son boeuf disait à son â
ne. - Pourquoi que t'es triste, et que tu ne manges point ? disait le boeuf. - Ah! mon pauvre vieux, j'ai un grand chagrin, répondit l'âne. Jamais nous n'avons eu si bon maî
tre, et nous allons le perdre ! - Ce serait grand dommage, reprit le boeuf, qui é
tait un esprit calme et philosophique. - Il ne sera plus de ce monde dans trois jours, reprit l'âne, dont la sensibilité é
tait plus expansive, et qui avait des larmes dans la voix. - C'est grand dommage, grand dommage ! ré
pliqua le boeuf en ruminant. - Le père Casseriot eut si grand peur, qu'il oublia de faire son charme, courut se mettre au lit, y fut pris de fiè
vre chaude, et mourut dans les trois jours. George Sand, Promenades autour d'un village.
La nuit en Anjou
La proverbiale douceur angevine explique peut-être que la nuit n'y est pas aussi prégnante qu'elle peut l'être en Bretagne. On n'en parle pas moins en Anjou de chasse hennequin, de loups garous et de revenants.
La ferme de Trouvé, à Pontigné fut bâtie en une nuit par les fées, tout comme le Pont des Fées, à Baugé.
Les paysans laissaient leurs socs de charrue le soir près du dolmen de la Pierre Couverte (Pontigné) : moyennant quelques pièces, les fées les aiguisaient dans la nuit. Elles en faisaient autant à la grotte du Moulin Neuf, à Broc.
En 1697, quelque chose monta sur le dos de Michel Plessis, qui passait de nuit près de la pierre de Bâl (St-Georges-des-Gardes). Ecrasé par le poids, et sur le point de tomber à l'eau sur le Pont-aux-Jars, il se trouva délivré en implorant la Vierge.
Des menhirs, à St-Martin-d'Arcé ou à Bocé, sont réputés tourner sur eux-mêmes à minuit, tandis qu'une horloge sonne les 12 coups de minuit dans celui de la Closerie des Forges, à Segré, et qu'à Dénezé-sous-Doué, la Pierre qui Vire du Virolais se promène à certaines heures de la nuit, faisant une pause là où est enterré un trésor.
Une cave près du château de Marolles, à Pontigné, cache un trésor. Une dame rouge en garde l'entrée qui ne s'ouvre qu'au moment de l'élévation, pendant la messe de minuit à Noël.
Des êtres invisibles déplacent la nuit des pierres dans les souterrains, où reposerait un trésor, de l'ancien château de Bré-Robert, à Noyant.
Le fantôme de la belle Aude, tuée par son mari jaloux, hante la nuit le château de Raguin, à Chazé-sur-Argos, tout comme celui de la Marzelle hante le château de Briançon, à Bauné : c'était une bergère qui venait chanter sous les fenêtres du duc et que celui-ci, importuné, tua, à moins que, vêtue de ses cheveux, elle ne fut prise pour du gibier par le garde.
La nuit, un animal fantastique hantait la forêt de Bareilles en faisant entendre d'horribles cris et en agressant les passants attardés.
Un conte de la nuit
On était à la veille de la Toussaint, et, tout en faisant leur ouvrage, les garçons et les filles échangeaient de joyeux propos. Les conteurs disaient des histoires de revenants ou les légendes des fées d'autrefois.
Lorsque l'horloge sonna neuf heures, tout le monde paraissait plus disposé à s'amuser qu'à travailler. L'un des jeunes gens ayant proposé de danser, presque tous les assistants firent chorus avec lui.
- Y pensez-vous ? dit une vieille femme, danser la veille de la Toussaint, la veille du jour où l'on va au cimetière s'agenouiller sur la tombe des défunts. N'est-ce pas à cette époque qu'ils reviennent visiter les lieux où ils ont vécu ?
- Ma foi, dit l'un des assistants, laissons là les morts. Quand ils étaient sur terre, ils se sont donné du bon temps, et ils ne peuvent trouver mauvais que nous fassions comme eux.
- Oui, oui, s'écrièrent les jeunes gens, dansons !
- Je me charge de trouver un ménétrier. Attendez un peu, et je vous amènerai un musicien, serait-ce le diable en personne.
Le jeune gars sortit de la ferme. Ses oreilles furent frappées par les sons d'un violon qui jouait une ronde des plus dansantes.
Il paraît, pensa-t-il, que je n'aurai pas besoin d'aller bien loin, car voici un ménétrier qui vient de ce côté et il ne semble pas mélancolique.
- Vous avez la mine d'un compère jovial et bien en train.
- Oui, dit le violoneux, il n'est guère dans mon caractère de me faire du chagrin. Je suis toujours disposé à rendre service aux joyeux vivants qui m'appellent, et j'ose me flatter de faire danser les gars et les filles aussi bien que les meilleurs sonneurs du pays .
À l'arrivée du ménétrier, on se dépêcha de débarrasser le milieu de la maison des meubles qui auraient pu gêner la danse, et quelques minutes après, les jeunes gars et filles sautaient "comme des pillotous chauds de boire", tant étaient entraînants et sautillants les airs que jouait le musicien. Les enfants regardaient curieusement le ménétrier et les danseurs.
- Maman, dit à voix basse une petite fIlle à sa mère, regarde donc : le joueur de violon a un pied fait comme celui de notre poulain.
La mère s'aperçut que son enfant disait vrai ; elle sortit sans bruit et se hâta de se rendre au presbytère, où elle raconta au recteur que l'ennemi du genre humain faisait danser la jeunesse dans la ferme au père Joulaud…
Le prêtre ne tarda pas à arriver. Personne ne s'aperçut de sa venue, et il lui fut aisé de passer son étole au cou du ménétrier qui cessa brusquement de jouer, et se mit à crier comme un chat qu'on échaude. Il reprit en même temps sa forme de diable avec ses cornes de bouc, sa longue queue, ses pieds fourchus, ses ailes de chauve-souris, et, ses mains aux griffes pointues.
extrait de P. Sébillot, Contes populaires de Haute-Bretagne, Terre de Brume, 1998.
Les conférenciers
Lorine GRIMAUD-BOST est professeur agrégée de lettres et doctorante en littérature comparée à l'Université de Nanterre.
Philippe PARRAIN, président de Cinélégende, est réalisateur de films documentaires et membre de la société de Mythologie Française.
Biblio/filmographie
Autour du film :
Marcel LAPIERRE, Aux portes de la nuit , Paris , La Nouvelle Edition , 1946
Michel PEREZ, Les Films de Carné , Ramsay, 1986 et 1994
Robert CHAZAL, Marcel Carné , Seghers, 1965
Jean QUEVAL, Marcel Carné , Ed. Du Cerf, 1952
voir aussi le site : http://www.marcel-carne.com
A propos de la nuit :
Jean VERDON, La Nuit au Moyen Age , Perrin, 1994
Françoise MORVAN, Vie et moeurs des lutins bretons , Actes Sud, 1998
Paul Sébillot, Le Ciel, la nuit et les esprits de l'air , Imago, 1982
Anatole LE BRAZ, Magies de la Bretagne , Robert Laffont, 1994
Claude SEIGNOLLE, Contes et récits des pays de France, 4 volumes, Omnibus éditeur, 1997
Jean MARKALE, Contes de la mort des pays de France , Presses du Village et Christian de Bertillat, 1986
Le cinéma, qui anime les salles obscures, est familier de la nuit. Ce mot "nuit" est l'un de ceux qui reviennent le plus souvent dans les titres. Il serait donc vain, des films noirs aux films fantastiques, de dresser une filmographie. Retenons seulement deux titres qui auraient pu illustrer notre propos : L'Aurore, de Friedrich Murnau (1927), et Ombres et brouillard, de Woody Allen (1992), qui savent eux aussi, jouer de la richesse plastique et symbolique du noir et blanc .